Le retour au premier plan de la pandémie du coronavirus ne modifie pas notre scénario macroéconomique, tout au plus pourrait-il légèrement le décaler dans le temps. Le monde est mieux préparé à vivre avec le virus et nous devrions éviter des confinements massifs comme au printemps 2020. La croissance mondiale est aujourd’hui solide, tirée par une consommation forte, par le réinvestissement des entreprises et par une amélioration du commerce international. En revanche, la crise de l’offre, liée à des dysfonctionnements dans la chaîne de production et les tensions sur le marché du travail nous font craindre une inflation plus durable que prévu, particulièrement aux Etats-Unis.
Outre Atlantique la croissance a décéléré au troisième trimestre (PIB en hausse de 2%) mais devrait réaccélérer, du fait notamment d’un effet stocks positif. Les ventes au détail reprennent leur ascension, donnant ainsi un acquis de croissance de consommation de 5% pour le quatrième trimestre. La production industrielle se redresse légèrement mais reste pénalisée par les problèmes d’approvisionnement. Pour compenser les Etats-Unis importent et utilisent leurs stocks qui se retrouvent aujourd’hui à un niveau très bas. Le risque inflationniste a encore augmenté d’un cran récemment et a incité Jérôme Powell, réélu à la tête de la banque Centrale américaine, à retirer le mot provisoire dans sa qualification de l’inflation. Cela laisse augurer un accroissement des mesures de lutte, à commencer par une diminution plus rapide des rachats d’actifs (tapering). La Federal Reserve voit toutefois l’inflation refluer au second semestre 2022, ce qui devrait éviter des mesures trop brutales.
En Chine le PIB se reprend et le ralentissement de l’économie semble désormais derrière nous. Les ventes au détail accélèrent et la balance commerciale s’améliore. Deux éléments pourraient cependant perturber l’économie chinoise : une recrudescence du virus de la Covid entrainerait des réponses sanitaires fortes des autorités chinoises, toujours adeptes de la politique zéro Covid. Des confinements locaux pourraient être décrétés et les ports pourraient à nouveau voir leur activité désorganisée, perturbant davantage l’approvisionnement à l’extérieur. Second point, la volonté chinoise de décarboner rapidement son économie aura nécessairement des conséquences sur certains pans de l’activité. On a constaté par exemple une diminution récente de la production d’acier, très polluante. Cette mutation progressive de l’économie chinoise se fera sur plusieurs années mais devra être analysée quant à ses conséquences.
L’Europe poursuit son redressement en dépit des difficultés allemandes liées au secteur automobile. La consommation reste robuste, toujours alimentée par une épargne abondante. L’activité industrielle est également en amélioration. La toile de fond est donc favorable, un peu ternie par l’évolution de l’inflation. Celle-ci est cependant moins impactante qu’aux Etats-Unis, en raison notamment d’une moindre hausse des salaires. Elle devrait refluer sensiblement en 2022. En revanche, le retour brusque de la pandémie depuis quelques semaines pourrait peser sur l’activité à court terme mais beaucoup moins fortement qu’en 2020.
Nous avons décidé récemment de réduire un peu le risque dans nos portefeuilles pour tenir compte de la progression des marchés. La dernière correction consécutive à l’apparition du variant OMICRON nous conforte dans cette approche. Nous restons globalement positifs mais il faut s’habituer à cette volatilité croissante qui peut se traduire par des épisodes brusques de repli. La qualité des résultats des sociétés se traduit par des marchés globalement moins chers qu’en début d’année malgré la progression des indices. Par ailleurs, nous ne prévoyons pas de hausse brutale et incontrôlée des taux. Nous gardons une préférence pour les secteurs du digital, de la santé et de l’environnement.