- La Réserve fédérale américaine prévoit d’amorcer une réduction de ses achats obligataires en novembre. L’institution a par ailleurs déclaré que l’inflation actuellement élevée ne justifierait probablement pas de relever rapidement les taux.
- Les chiffres de l’économie chinoise retiendront l’attention des marchés cette semaine. Les politiques monétaires, budgétaires et réglementaires du pays devraient être assouplies après qu’une phase de resserrement a ralenti sa dynamique de croissance.
Le changement climatique et la transition vers un avenir à faible intensité de carbone joueront un rôle clé dans les performances à long terme des actifs. Nos hypothèses relatives aux marchés financiers (HMF) sont fondées sur le principe d’une transition ordonnée, alignée sur les objectifs de l’Accord de Paris. Le sommet des Nations unies sur le climat (COP26) semble aller dans une direction encourageante. Des risques menacent toutefois cette trajectoire. En particulier, la réussite de la transition au sein des marchés émergents s’avère essentielle pour atteindre les objectifs climatiques fixés au niveau global, ainsi que pour les performances des portefeuilles au cours des prochaines années.
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), si l’ensemble des engagements en matière climatique annoncés lors de la COP26 étaient respectés intégralement et dans les délais impartis, alors la hausse des températures mondiales pourrait effectivement être limitée à 1,8 degré Celsius d’ici 2100. Il s’agit là d’une nette amélioration par rapport à la hausse de 2,1 degrés que prévoyait encore l’agence dans son analyse publiée le mois dernier. Toutefois, l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050 pour limiter le réchauffement à 1,5 degré demeure lointain, et de nombreux autres engagements devraient encore être mis en œuvre pour ce faire. De fait, sur la base des politiques effectivement mises en application à l’heure actuelle, c’est une hausse de 2,6 degrés qui est annoncée. La partie sera notamment difficile à jouer pour les marchés émergents hors Chine, qui sont à l’origine de plus d’un tiers des émissions mondiales alors même qu’ils ne représentent qu’une petite part de l’univers global d’investissement (cf. le graphique cidessus).
Nous estimons ainsi que les marchés émergents auront besoin d’au moins 1 000 Md USD par an pour que le monde parvienne à des émissions nettes nulles d’ici 2050, soit plus de six fois les investissements actuels, un élément crucial que nous avons souligné dans l’une de nos publications récentes, The big emerging question (« Marchés émergents : des enjeux majeurs »). Si la Chine n’est pas prise en compte dans nos prévisions, c’est en raison de sa capacité accrue à financer sa propre trajectoire vers des émissions nettes nulles et à contribuer valablement à l’effort mondial.
Pourtant, jusqu’à présent, les financements publics, sous la forme de subventions ou d’équivalents de subventions, sont demeurés insuffisants pour mobiliser des capitaux privés à grande échelle, alors même que la nature à haut risque des marchés émergents constitue un obstacle majeur pour l’investissement privé. La seule façon de mobiliser des capitaux privés au niveau et au rythme nécessaires, serait probablement que les États en capacité d’apporter un soutien financier acceptent de prendre à leur compte une partie des pertes éventuelles liées aux investissements réalisés dans les pays émergents. Si les besoins de financement climatique de ces derniers ne parvenaient pas à être satisfaits, l’augmentation de la température mondiale pourrait alors dépasser celle envisagée dans le scénario de base qui sous-tend nos HMF. Des risques physiques aggravés affecteraient la croissance mondiale, ainsi que les performances dans leur ensemble. Plus globalement, les coûts économiques entraînés par un changement climatique non maîtrisé dépasseraient largement ceux afférents à une transition vers des émissions nettes nulles. Nous estimons ainsi que la production mondiale subirait une perte cumulée de près de 25 % au cours des deux prochaines décennies si aucune mesure n’était prise pour atténuer le changement climatique, et ce par rapport à un scénario de transition ordonnée.
D’une manière générale, les marchés émergents sont plus vulnérables aux dommages physiques induits par le climat. Par conséquent, leurs perspectives de croissance ainsi que la performance de leurs actifs pourraient en pâtir davantage. Si une telle évolution devait se vérifier, notre préférence stratégique pour les actions des marchés développés s’en trouverait probablement renforcée. Nos HMF privilégient déjàces dernières, en partie parce que les secteurs susceptibles de bénéficier de la transition verte, tels que les technologies et la santé, pèsent d’un poids plus important dans les indices des marchés développés, tandis que les secteurs à forte intensité de carbone, tels que l’énergie et les services aux collectivités, y occupent une moindre part. Ceci étant, un afflux de capitaux vers l’univers émergent, en plus des financements et des investissements en eux-mêmes nécessaires, améliorerait probablement les perspectives des actifs émergents sur un horizon stratégique. L’apparition de nouveaux secteurs et l’évolution des entreprises existantes pourraient accroître la résilience des actions émergentes dans le cadre du passage à une économie plus sobre en carbone, et leur permettre de mieux saisir les opportunités offertes par cette transition. Pour l’heure, une telle dynamique n’est toutefois pas prise en compte dans nos hypothèses.
D’un point de vue tactique, nous adoptons une position neutre sur les actions émergentes hors Chine, en raison du moindre soutien apporté par les autorités de ces pays et du risque accru de dommages économiques durables à la suite de la pandémie. En outre, les valorisations, telles que mesurées par la prime de risque sur actions, ne semblent pas aussi attractives qu’auparavant. Nous surpondérons modérément la dette émergente libellée en devise locale, compte tenu de son potentiel de revenu intéressant et des valeurs généralement basses des devises concernées.
En conclusion, il est clair que le changement climatique et la transition vers des émissions nettes « zéro » joueront un rôle essentiel pour les performances d’investissement à long terme. Notre scénario de base est celui d’une transition ordonnée, qui implique toutefois une transition impérativement réussie dans les pays émergents. Et la seule façon de mobiliser des capitaux privés à l’échelle et au rythme requis pour financer valablement les actions de lutte contre le changement climatiques dans l’univers émergent, c’est de partager la charge des risques et d’augmenter l’exposition du secteur public aux pertes, avec des outils novateurs tels que les banques d’investissement vertes.