Cela fait plus d’un an maintenant que la Grèce est dans une situation financière difficile. Les aides de l’Union européenne et du FMI se révèlent aujourd’hui insuffisantes. Malgré l’aggravation de la crise, la contagion à l’Irlande et au Portugal, et les craintes d’extension à des pays plus importants (Espagne ?), les dirigeants européens semblent ne pas prendre encore l’exacte mesure des problèmes posés, réagissant avec un temps de retard structurel sur les marchés financiers.
L’Allemagne est sans doute l’exemple le plus frappant, à plus d’un titre. Sa stratégie en matière d’aide financière est assez constante : refuser ou sousdimensionner son soutien avant de céder par peur des risques induits et face à la pression des pays partenaires. Cette approche est motivée largement par un agenda de politique intérieure. Pourtant, avec l’accumulation des défaites électorales, Angela Merkel et son gouvernement auraient pu depuis de nombreux mois se rendre compte que cette stratégie est inefficace.
La crise actuelle pose la question de la création d’une agence européenne de la dette qui émette pour l’ensemble des pays de la zone euro, et leur permette de se financer tous à des taux qui n’épuisent pas encore davantage l’économie des pays les plus faibles. De ce point de vue, le Mécanisme Européen de Stabilité Financière qui doit entrer en fonction en 2013 ne constitue qu’un pas dans la direction d’un fédéralisme sans doute nécessaire à la poursuite de la construction européenne.
Cette évolution implique une plus grande cohérence des fiscalités, une correction des déséquilibres macroéconomiques excessifs au sein de la zone euro (croissance trop basée sur la consommation dans certains pays et sur les exportations dans d’autres), une mobilité accrue des populations et des transferts de richesses des zones les plus riches vers les zones défavorisées.
Le gouvernement Merkel, trop systématiquement à l’écoute de son électorat, n’a pas encore perçu que l’Allemagne a un rôle central à jouer pour permettre une sortie par le haut de la crise de la dette souveraine. Faire des propositions résolues dans ce domaine lui permettrait de passer d’un rôle de leader économique à un rôle politique et positionner Berlin comme la capitale d’une zone unie.
Si les trimestres à venir lui permettent d’identifier cette opportunité, notre zone pourra plus facilement s’affirmer sur la scène internationale comme un partenaire actif pour les Etats-Unis ou la Chine et les autres grands pays émergents.
Il sera alors plus aisé de traiter d’autres questions majeures : la redéfinition des missions et objectifs de la BCE, qui doit sortir de l’objectif d’inflation pour passer à un objectif de croissance nominale (impératif pour parvenir à l’objectif d’une réduction du ratio dette/PIB) et les moyens à mettre en oeuvre pour éviter un dépeuplement du continent européen, synonyme d’extinction lente.