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Le stress hydrique : quel impact sur les business models des entreprises ?

Selon l’ONU [1], à l’horizon 2025, un tiers de la population mondiale sera concernée par une situation de stress hydrique et d’ici 2030, la demande en eau douce dépassera l’offre de 40%. Quelles conséquences pour les entreprises ?

Selon l’ONU, à l’horizon 2025, un tiers de la population mondiale sera concernée par une situation de stress hydrique et d’ici 2030, la demande en eau douce dépassera l’offre de 40%. Quelles conséquences pour les entreprises ?

Le stress hydrique qualifie une situation critique dans laquelle les ressources en eau disponibles sont inférieures à la demande. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) rapportait le 23 mars dernier [2], un niveau des nappes souterraines de 80% inférieur à la normale. Il est urgent de remettre le monde sur la bonne voie pour atteindre les cibles de l’Objectif de développement durable (ODD 6) : eau et assainissement pour tous d’ici 2030.

Le rapport de l’ONU révèle également que 10 % de la population mondiale vit dans des pays où le stress hydrique a atteint un niveau élevé ou critique. Le World Resources Institute [3] identifie les grandes régions du globe fortement exposées à ce risque (graphique ci-dessous), ce qui laisse sous-entendre qu’il existe un risque réel pour les entreprises présentes ou fortement exposées à ces pays.

Niveau du stress hydrique à l’échelle mondiale

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Le niveau de référence du stress hydrique se réfère aux prélèvements d’eau douce divisés par les ressources en eau douce disponible. Source : WRI (World Resources institute)

La consommation mondiale d’eau se répartit de la façon suivante :

  • 70% des prélèvements en eau proviennent des chaînes d’approvisionnement agricoles ;
  • 22% sont consommés par l’industrie (composé, d’après le CDP [4], principalement de production d’appareils électroniques et produits à base de métal) ;
  • 8% sont attribués à la consommation des ménages.

Les risques liés au stress hydrique peuvent mettre en péril la pérennité des modèles d’affaires des entreprises. En effet, une entreprise qui ne maitrise pas sa consommation en eau et sa gestion de l’eau sur l’ensemble de la chaine de valeur, s’expose, à court et moyen termes, à des risques évidents, tels que :

  • le risque réputationnel, lié à une controverse sur la quantité d’eau utilisée pour la production d’un produit ou d’un service, puisque l’accès et la disponibilité de l’eau se raréfie ;
  • le risque règlementaire, qui limite l’accès et l’approvisionnement en eau et augmente les coûts d’exploitation.

La situation actuelle devrait pousser les entreprises à revoir leur rapport et leur usage de l’eau, la gestion de cette ressource, mais aussi à repenser leurs modèles de production. Un changement de paradigme se traduirait notamment, par une consommation en eau monitorée, une intensité hydrique suivie, un usage contrôlé des polluants, la mise en place de dispositifs anti-pollution, un engagement envers des pratiques durables et un investissement en R&D, afin de trouver des alternatives moins consommatrices en eau. Afin d’assurer la comparabilité et le suivi de l’évolution de leur consommation d’eau, nous préconisons l’utilisation d’un indicateur clé, commun à toutes les entreprises, qui équivaut aux volumes d’eau prélevés et achetés directement et indirectement par l’entreprise sur l’ensemble de sa chaîne de valeur en fonction de ses revenues.

La journée mondiale de l’eau du 22 mars dernier a été l’occasion de rappeler l’importance de l’eau douce et de plaider en faveur d’une gestion durable de cette ressource naturelle. Plus l’entreprise sera proactive face à ce risque, plus elle réduira l’impact financier et assurera la pérennité de son business model. Cette menace d’être à court d’eau est corrélée à la disponibilité des eaux de surface et des eaux souterraines, qui elles-mêmes dépendent de la variation des conditions climatiques, mais aussi des extractions liées aux activités humaines. Or, partout dans le monde, on trouve des zones d’épuisement des nappes souterraines.

Le stress hydrique est l’un des plus importants risques physiques lié au changement climatique. En 2016, la Banque mondiale alertait [5] déjà que les pénuries d’eau exacerbées par le changement climatique pourraient coûter à certaines régions touchées jusqu’à 6 % de leur PIB d’ici à 2050, « en raison de leurs effets sur l’agriculture, la santé et les revenus, ce qui pourrait entraîner des flux migratoires, voire des conflits ». Les investisseurs doivent en tenir compte et aborder de façon permanente le sujet du stress hydrique dans leur dialogue actionnarial.

Mandarine Gestion Avril 2023

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