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Les façons dont les entreprises innovent et ce qu’il faut en déduire pour les sociétés de gestion comme Unigestion

Dans un précédent article, nous avons évoqué l’importance de l’innovation financière pour l’économie ainsi que les sources possibles d’innovation future. Dans cette seconde partie de notre analyse, nous verrons de quelles façons les entreprises innovent et quel rôle les sociétés de gestion comme Unigestion ont à jouer dans ce processus.

Réunir les conditions favorables à l’innovation

Adopter une approche innovante peut nécessiter un changement de culture d’entreprise – par exemple, en créant des conditions favorables à l’expérimentation et en encourageant la volonté d’apprendre et la tolérance à l’échec. A cet égard, les sociétés de gestion ont beaucoup à apprendre des géants du numérique.

Les deux enjeux clés de l’innovation s’expriment en termes de simplicité d’objectif – l’innovation doit permettre de réaliser un objectif facilement définissable pour le client – et d’expérience client – la complexité des démarches nécessaires à la réalisation de cet objectif ne doit pas être apparente. Des entreprises comme Google (avec son référencement efficace de sites internet), Apple (dont les produits sont faciles à utiliser) et Amazon (de par la fluidité de ses services de vente et de livraison d’un large éventail de produits) sont d’excellents exemples à suivre en la matière.

Toutes ces entreprises ont une chose en commun : elles créent beaucoup de valeur pour leurs clients tout en leur proposant un service d’une très grande simplicité d’utilisation. Les utilisateurs n’imaginent pas la complexité des algorithmes ou des chaînes logistiques qui sous-tendent leurs activités.

Il y a là un enseignement à tirer pour le secteur de la gestion d’actifs. Gérer de l’argent est une activité complexe et l’environnement change tous les jours. Le développement de processus d’investissement consiste à transformer des idées – parfois complexes – en concepts exploitables. Mais cette complexité ne doit pas éclipser la simplicité de l’objectif à atteindre : produire la performance ajustée du risque que nos clients attendent de nous.

Pour Hollywood, l’innovation est souvent le fruit du travail d’un génie solitaire. La réalité ne pourrait pas être plus éloignée de la fiction. L’innovation est quasiment toujours le produit d’un travail d’équipe, associant souvent des spécialistes de différents domaines, qui apportent leur expérience et leurs connaissances et partagent leurs idées afin d’aboutir à un nouveau concept.

Dans la plupart des organisations performantes, l’innovation part de la base. Chez Unigestion, nous encourageons nos collaborateurs à travailler ensemble pour trouver de nouvelles idées de fond ou des moyens plus efficaces de servir nos clients. Nous adoptons une méthode similaire à celles de 3M, Google et Hewlett-Packard, qui consiste à laisser nos collaborateurs bloquer un jour de leur planning pour réfléchir, généralement avec d’autres collègues, à la manière dont nous pourrions faire évoluer nos techniques et nos processus.

Nous avons également appris à chercher à l’extérieur de notre organisation – notamment dans le monde de la recherche – de nouvelles approches. Les chercheurs s’efforcent en permanence d’approfondir leurs connaissances et produisent régulièrement de nouveaux concepts. C’est pourquoi Unigestion coopère étroitement avec l’EPFL, l’EDHEC et la Cass Business School à Londres pour se tenir informé de leurs derniers travaux sur les marchés et l’investissement.

L’innovation suppose de plus en plus de s’inspirer des solutions mises au point dans d’autres secteurs pour résoudre des problèmes du même type. Ainsi, la gestion du risque fait partie intégrante de la gestion d’actifs, mais elle revêt une importance cruciale dans un très grand nombre d’autres secteurs. Une technique que nous avons empruntée au monde médical et appliquée à nos processus d’investissement est l’analyse typologique, qui a initialement été conçue pour détecter les symptômes des patients. Cette méthode s’est révélée efficace pour classer les actions en différents groupes selon leurs corrélations afin de bâtir des portefeuilles diversifiés. Autre exemple : dans la défense, une série d’outils a été créée afin de détecter les sous-marins, en supprimant les bruits de fond non pertinents. Dans le domaine de l’investissement, cette technique de « suppression des bruits » sert à isoler les facteurs de risque.

Si l’innovation se nourrit de nouvelles idées, celles-ci ne suffisent pas : elles doivent pouvoir être mises en œuvre pour être utiles. La recherche n’aboutit que rarement à des découvertes ; la plupart du temps, c’est un long chemin, émaillé de moments d’enthousiasme et de déceptions, voire de frustrations lorsque nous nous apercevons qu’une idée ne passe pas l’épreuve de la mise en pratique. C’est pourquoi nous devons établir un cadre pour convertir les nouvelles idées en innovations réalisables. Dans tous les secteurs, la recherche est un travail de longue haleine : il a fallu des dizaines d’années à l’Internet pour se développer depuis ses débuts au CERN, et bien sûr, une quantité considérable de travaux et de recherches pour en faire un moyen de communication de masse. Lorsque nous fixons des objectifs de recherche, nous devons garder à l’esprit que l’innovation demande du temps et de la persévérance.

Parfois, une innovation ne répond pas aux préoccupations immédiates des investisseurs. Par exemple, nous avons commencé à proposer des portefeuilles d’actions risk-managed à nos clients dès 1995, mais à cette époque, la plupart d’entre eux ne voulait pas réduire la volatilité : dans l’environnement de marché haussier caractéristique des années 1990, ils voulaient au contraire l’accroître.

C’est seulement lors de l’effondrement des marchés en 2001 puis en 2008 que notre produit a réellement trouvé son public.

Les gérants actifs doivent innover tout en restant fidèles à leur ADN

L’une des tendances les plus manifestes aujourd’hui dans la gestion d’actifs est la polarisation entre les stratégies actives et les stratégies passives. Pour les sociétés de gestion spécialisées, il est donc impératif d’innover pour survivre. Pour une entreprise comme la nôtre, innover est nécessaire face au risque d’« industrialisation » que font peser les grands acteurs de la gestion passive. Sans innovation, les produits et processus propres aux stratégies actives risquent de se banaliser, de devenir obsolètes ou d’être victimes d’une guerre des prix. Une société de gestion spécialisée est trop petite pour y résister, il lui faut donc améliorer ses produits et services. Elle doit aussi veiller à proposer une offre plus personnalisée et à développer de nouvelles générations de produits qui lui permettront de conserver son avance sur la concurrence.

La gestion passive doit naturellement son succès au fait qu’elle n’induit que peu de frais de gestion. En outre, de nombreuses sociétés de gestion de fonds traditionnelles adoptent une approche quasiindustrielle de la gestion passive en élaborant des produits de masse fondés sur la réplication d’indices, qu’elles vendent ensuite à très grande échelle. D’un point de vue marketing, c’est une grande réussite.

Mais pour de nombreux investisseurs, cette approche axée sur un « marché de masse » n’est pas suffisante. Grâce aux progrès technologiques, les consommateurs sont habitués à bénéficier de services personnalisés dans d’autres domaines, et ils s’attendront donc de plus en plus à ce qu’il en soit de même pour la gestion de leurs actifs. L’évolution que connaît le secteur constitue une excellente occasion pour les sociétés de gestion plus petites et plus agiles de concevoir des solutions innovantes et créatives, répondant à cette demande de service sur-mesure.

Le secteur de la gestion d’actifs fait face à des défis semblables à ceux que les professionnels de l’horlogerie ont rencontrés il y a quelques décennies. Lorsque l’apparition des montres à affichage digital a bouleversé le secteur, les horlogers traditionnels ont dû se réinventer en mettant l’accent sur leur savoir-faire artisanal et l’authenticité de leurs produits.

L’excellence, dans la gestion d’actifs, est aussi une forme d’artisanat, et ce savoir-faire revêtira une importance encore plus grande à l’avenir. Aider les clients à atteindre leurs objectifs requiert beaucoup de connaissances et d’expérience, une capacité d’innovation et la volonté permanente de s’améliorer. La capacité à proposer des solutions personnalisées aux clients constituera la prochaine grande tendance dans la gestion d’actifs, et les sociétés de gestion spécialisées ont là un rôle particulièrement important à jouer.

Fiona Frick Juin 2015

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