Next-Finance : Pouvez-vous nous présenter la Macif ? Quel est le montant actuel de vos encours et quelle est votre allocation d’actifs actuelle ?
Sabine Castellan Poquet : Assureur mutualiste, la Macif propose des offres et services de protection en assurances dommages, santé-prévoyance et finance-épargne. La Macif c’est 5,6 millions de sociétaires et clients et 6,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2020. A fin 2021, la taille du bilan s’élevait à 40 Milliards d’euros. De façon cohérente avec nos engagements au passif, nous avons un portefeuille majoritairement composé de produits de taux d’intérêt (76%). Le portefeuille immobilier et les placements en actions représentent respectivement 10 % et 7 % en valeur de marché.
Pensez-vous modifier sensiblement cette allocation avec la guerre en Ukraine et l’inflation galopante ?
Nous n’avions aucune exposition directe à l’Ukraine et à la Russie. Une des conséquences du conflit est la hausse du prix des matières premières (énergie, métaux et matières premières agricoles) et donc une accélération de l’inflation. La hausse des taux, conséquence de cette résurgence de l’inflation, est plutôt positive pour les assureurs vie qui sont des investisseurs obligataires structurels. Nous allons pouvoir investir à des taux de rendement que nous n’avions pas observé depuis de nombreux mois à l’exception de la période de mars-avril 2020 au début de la crise sanitaire. Ce contexte d’inflation renforce notre conviction sur l’immobilier avec un portefeuille de qualité, notamment sur le plan énergétique, que nous constituons au fil des années.
Ce contexte d'inflation renforce notre conviction sur l'immobilier avec un portefeuille de qualité, notamment sur le plan énergétique, que nous constituons au fil des années.Sabine Castellan Poquet, Directrice des investissements Macif - Aema groupe
Plusieurs investisseurs institutionnels placent leurs portefeuilles sur la défensive en prévision d’une hausse accrue des risques. Est-ce également votre cas ? Utilisez-vous des stratégies de couverture spécifiques ?
Nous avons un portefeuille diversifié et des allocations en adéquation avec notre gestion actif/passif. Nous n’utilisons pas de stratégies de couverture pour l’instant : en effet, nous avons préféré faire évoluer notre allocation en prenant des profits par exemple.
Pensez-vous que cette guerre va renforcer l’intérêt des investisseurs pour la thématique ESG ou au contraire la relativiser ? Par exemple, certaines sociétés d’armement pourraient retrouver la faveur des investisseurs ESG, alors qu’elles étaient jusqu’ici plutôt exclues de ce type de fonds…
Je pense que la guerre a mis en évidence une dépendance de l’Europe vis à vis des énergies fossiles russes. Aussi, cette prise de conscience va renforcer la volonté d’accélérer les investissements dans les énergies renouvelables, ainsi que sur les acteurs clés de la transition énergétique. Ces investissements permettront également d’augmenter notre souveraineté énergétique. Les problématiques débattues depuis le début de la guerre mettent aussi en évidence l’importance de la prise en compte des thématiques de droits humains par les entreprises ainsi que des risques réputationnels et opérationnels liés à ces enjeux.
Cherchez-vous à réduire l’empreinte carbone de vos portefeuilles ? Concrètement, quels engagements avez-vous pris en matière de transition énergétique ? Quelles méthodes utilisez-vous pour mesurer cette empreinte carbone au sein de vos portefeuilles ?
Pour respecter les accords de Paris, nous allons devoir atteindre la neutralité carbone de nos portefeuilles au plus tard en 2050. La première étape est bien évidemment de mesurer l’empreinte carbone. Plutôt que de chercher à réduire le plus rapidement possible, nous souhaitons financer les acteurs d’une transition juste, en adoptant notamment une démarche d’engagement auprès des émetteurs. Nous prévoyons de fixer des objectifs intermédiaires de réduction (à 2030 et 2040) d’ici fin 2022. L’évolution de notre empreinte carbone passe aussi par la réduction de nos expositions aux hydrocarbures non-conventionnels. Nous prévoyons la mise à jour de notre politique d’exclusion en la matière dès cette année.
Plutôt que de chercher à réduire le plus rapidement possible, nous souhaitons financer les acteurs d'une transition juste, en adoptant notamment une démarche d'engagement auprès des émetteurs.Sabine Castellan Poquet, Directrice des investissements Macif - Aema groupe
Avez-vous à terme un objectif d’une allocation 100% ESG ?
Notre stratégie ESG a vocation à couvrir l’ensemble des portefeuilles et des classes d’actifs. Tous les ans, nous progressons dans les actions que nous mettons en place. Par exemple, nous avons déjà quasiment 100 % de notre portefeuille obligataire qui est couvert par l’analyse ESG, plus de la moitié de nos OPC qui sont Art 8 ou 9 SFDR et 66 % des immeubles en portefeuille sont certifiés construction/rénovation.
Déléguez-vous la gestion de votre portefeuille à des sociétés de gestion ? Avez-vous des objectifs de rentabilité sur votre portefeuille ? Quelle a été sa performance en 2021 ?
Notre portefeuille est géré par notre filiale OFI AM. Sur les actifs non cotés, nous nous appuyons sur SWEN CP et Zencap AM. Et, pour les actifs immobiliers, la gestion est déléguée à Aéma REIM. La performance a été bonne en 2021 compte tenu de la bonne progression des marchés.
Quels seront vos sujets de prédilection dans les mois à venir ? Sur quelles classes d’actifs comptez-vous vous positionner ?
Nous sommes un investisseur de long terme et notre vocation est notamment de financer l’économie réelle, en particulier la transition énergétique. Cette transition doit être juste et prendre en compte les aspects sociaux et sociétaux.