Les perspectives d’une croissance modeste relèvent de facteurs structurels. « Nous anticipons aujourd’hui une croissance potentielle à peine supérieure à 3.0% à l’échelle mondiale, un niveau inférieur de près de 1% à celui qui prévalait au cours de la période 1997-2006 » explique Christophe Morel, Chef Economiste. Cette érosion est en partie imputée au vieillissement de la population, au poids de l’endettement ou à la hausse des inégalités. « L’hystérèse de la crise pèse aussi sur la croissance mondiale. Les investisseurs et les agents économiques sont encore marqués par le choc de la Grande Récession » ajoute-t-il. Groupama AM anticipe une croissance potentielle de 1.5% aux Etats-Unis en 2017 et entre 0.5 et 1.0% en zone euro.
Ces données fondamentales militent en faveur d’un régime de taux réels bas, à un horizon long terme. Il existe en zone euro un déséquilibre entre l’excès durable d’épargne et des dépenses d’investissement trop faibles.
Pour se résorber, ce déséquilibre suppose des taux d’intérêt réels bas. Tant que la dette collective, privée et publique, restera élevée, le régime de taux ne connaîtra pas de changement significatif.
Politiques monétaires : quand le « non conventionnel » devient « conventionnel »
Pour autant, il est nécessaire de dissocier ces tendances longues, structurelles, de l’environnement à plus court terme. Et le momentum actuel s’avère relativement favorable, si bien que Christophe Morel évoque « un élastique conjoncturel » positif. Les économies développées ont accusé un double retard, non seulement de production et stockage, la demande ayant pris une avance significative sur l’offre, mais aussi d’investissement. « Le potentiel de rattrapage est conséquent, les entreprises vont devoir accélérer leur cadence de production et reconstituer leurs stocks pour répondre à la croissance de la consommation » estime Christophe Morel.
Parallèlement, les politiques monétaires devraient rester encore très accommodantes. Si la Réserve fédérale américaine a initié un cycle de remontée des taux directeurs, son approche se veut pragmatique. La Fed va en effet privilégier un resserrement très graduel, sans pour autant réduire son bilan. « Nous anticipons une hausse des Fed funds en décembre, puis seulement deux en 2017 et trois en 2018 ». De son côté, la BCE va très probablement étendre son programme d’achats d’actifs au-delà de mars 2017. En zone euro, la baisse du coût de la dette grâce au Quantitative Easing permet des politiques budgétaires plus expansives : « le QE génère des ‘cagnottes’ budgétaires implicites, dont une partie est utilisée pour soutenir la croissance, via par exemple, des baisses d’impôts favorables au pouvoir d’achat des ménages » affirme-t-il.
Enfin, l’équipe de Groupama AM s’attend à voir émerger de nouveaux paradigmes sur le plan des politiques économiques. Outre une sortie progressive de l’orthodoxie budgétaire dans les pays développés, les politiques structurelles devraient davantage cibler les freins à la croissance.
Des mesures encourageant la hausse du salaire minimum, plus de régulation (à l’image du secteur financier) ou encore un rééquilibrage de la valeur ajoutée en faveur des salariés, pourraient amorcer un virage par rapport au dogme néo-libéral et au Consensus de Washington.