Depuis le début de l’année, les investisseurs basculent d’un scénario économique à l’autre : de la désinflation à la poursuite des pressions inflationnistes, de la récession à la réaccélération de la croissance. Après avoir commencé l’année en attendant un pivot de la Fed dès cet été, les investisseurs tablaient début mars sur une poursuite de la hausse des taux de la Fed au-delà des 5,25% évoqués dans les prévisions de décembre. Les problèmes de certaines banques américaines ont amené une réévaluation brutale des attentes des investisseurs qui en sont venus à prévoir une baisse des taux de la Fed dès le mois de juin.
Dans ce contexte, la volatilité du marché obligataire a été historiquement élevée, tout particulièrement sur la partie courte de la courbe. Le graphique ci-dessous montre la volatilité non pas des obligations mais des taux, ce qui permet de corriger le fait que les obligations les plus longues ont une sensibilité plus élevée, et donc varient davantage pour une même variation de taux.
Notre analyse
Fin 2022, la volatilité des taux était déjà sur l’un des niveaux les plus élevés des quarante dernières années. Malgré cela, le mois de mars a vu celle des taux à deux ans fortement progresser sur le mois de mars pour atteindre un niveau historiquement élevé, similaire à celui du dernier trimestre 2008, après la faillite de Lehman Brothers. On notera que cette volatilité a été beaucoup plus élevée que celle des taux à dix ans sur la période récente, alors qu’en 2008, celle des taux longs était également exceptionnelle.
Les incertitudes sur le devenir de l’économie américaine vont sans doute maintenir la volatilité à un niveau élevé, entre les signes d’une inflation toujours très forte, d’une activité en réaccélération et les effets progressifs du durcissement monétaire en cours. Si les inquiétudes sur le secteur bancaire américain se résorbent rapidement, les marchés pourraient rapidement prendre le chemin inverse des baisses de taux courts du mois de mars.