La crise financière, dont les signes annonciateurs ont commencé en juillet 2007 avec le déclenchement de la débâcle des Subprimes, s’est déchaînée en 2008, propagée à l’économie réelle avec une forte hausse du chômage, une dégradation historique des comptes sociaux et publics. Le corollaire en est aujourd’hui la flambée des dettes publiques.
Pour la France entre fin 2007 et fin 2010, nous sommes passés de 1211.6 Milliards € à 1591.2 Milliards €, soit une évolution de 31,33%. Elle dépasse maintenant les 1630 Milliards €. Nous en sommes aujourd’hui à une nouvelle crise financière liée aux dettes publiques. Le recours à la dette est désormais épuisé. D’autres voies doivent désormais être prises, faute de quoi nous courrons vers une banqueroute générale.
1) Crise financière liée aux dettes publiques
En ce qui concerne la Grèce, par rapport à la Zone Euro, ce pays représente 3.10% de la population, 4% du PIB et 4% de la dette totale. Il faut ramener les choses à leur juste proportion. L’abandon partiel de créances envisagée, 21 à 60% du capital, est une ânerie. Une partie de la dette grecque, comme celle de l’Italie, de l’Espagne, du Portugal, de la France, (etc...) se trouve dans les Banques bien sûr mais aussi dans les Sicav Obligataires, Fonds Communs de placement et Compagnes d’Assurances au titre des contrats d’assurance- vie. Cela aura des effets négatifs sur l’épargne des particuliers et l’on crée un précédent qui aura des effets catastrophiques sur toutes les futures émissions de dettes publiques.
Concernant ces dettes publiques, il est temps d’utiliser un instrument qui s’appelle la Rente ou Obligation Perpétuelle cotée et ce afin de mettre un terme pour les Etats au risque majeur de liquidité entrainant une banqueroute. Pour réaliser cette opération, il est nécessaire de procéder à une gigantesque Offre Publique d’Echange entre Obligations d’Etat, actuellement en circulation, par exemple à hauteur de 5 à 10 ans des échéances à venir afin d établir un plan pluriannuel de rétablissement des finances publiques, le FESF (Fonds Européen de Stabilité Financière) n’intervenant qu’en garantie du paiement des intérêts.
Dans ce cas, sans augmenter ses capacités théoriques, sa puissance de feu passe de 440 Milliards € à 11.000 Milliards, et ce sur la base d’un taux de 4%. Rappelons que le FESF ne dispose pas de 440 Milliards €, mais d’engagements de garanties des Etats de la Zone Euro, pour des Emprunts à émettre et ce afin de prêter aux Etats et apparemment maintenant aux Banques qui ne peuvent plus se financer ou vont devoir éponger de nouvelles pertes..
Ce n’est pas en créant une Dette supranationale, destinée à se substituer à des dettes arrivant à échéance que l’on résoudra les problèmes. Ce système n’a été inventé que parce qu’on ne comptabilise pas dans la dette publique l’engagement en garantie. Pour la France, l’engagement de garantie pourra atteindre 159 Milliards €, soit prés de 10% de la Dette publique actuelle.
2) Règlementation des marchés financiers
Il est plus que temps de mettre un terme au marché des CDS (Credit Default Swaps) de gré à gré. Le CDS est un contrat entre deux parties : l’acheteur de protection d’un capital sur un débiteur et le vendeur de protection sur ce débiteur. L’acheteur paye une prime et le vendeur l’encaisse. Si le débiteur fait défaut, le vendeur de protection indemnise l’acheteur à hauteur de la perte en capital.
Prenons un exemple, l’acheteur souscrit à l’émission d’un emprunt de X pour 1000 € moyennant un taux d’intérêt à 5%. Pour avoir une protection sur le capital, il verse une prime de 2% par an au vendeur de protection. L’emprunteur X fait défaut à hauteur de 400 € et ne peut rembourser que 600 €. Dans ce cas le vendeur de protection devra verser la différence. A ce jour, nulle Autorité de marché, nulle Autorité Politique, nulle Autorité monétaire n’a établi de règles prudentielles pour vérifier la solvabilité de ces vendeurs de protection.
Des règles prudentielles, cela signifie des agréments pour intervenir sur ce marché, cela signifie des obligations de Fonds Propres et de liquidités pour faire face aux engagements pris.
Il est nécessaire de transformer ce marché en un marché règlementé avec la création d’une chambre de compensation, ceci induisant pour intervenir sur ce marché un déposit et des appels de marge journaliers. Je rappelle qu’à fin 2007 (dernier chiffre dont je dispose, l’encours de cet instrument non régulé, représentait 62,2 mille milliards de dollars, montant équivalent à la totalité des PIB de la planète.
L’abandon de créances évoqué précédemment provoquera une autre crise financière sur cet instrument. Là aussi les acheteurs de protection au titre du CDS sont les Banques et les Compagnies d’Assurances. La quasi-faillite en 2008 de la Compagnie d’Assurances Américaine AIG, du fait de son exposition inconsidérée à ces instruments, n’a pas servi de leçon.
3) Agences de notations
Les révisions incessantes de notations créent une instabilité préjudiciable. Le niveau atteint par les dettes publiques était prévisible suite aux différents plans de relance par le déficit. En clair, tout le monde découvre l’eau chaude. Les concernant, il faut obtenir, voire leur imposer, des échelles de notations différentes entre dettes publiques et dettes privées.
4) Politique de change
La zone Euro est la seule ou les Politiques n’ont pas la maitrise en cette matière. Il faut rétablir la prééminence du Politique dans ce domaine. Et à ce sujet, il faut en finir avec l’Impérialisme Monétariste Allemand. Je rappelle qu’une baisse de la valeur de la monnaie fonctionne comme une taxe à l’importation et une subvention à l’exportation. Un inconvénient, si l’utilisation est abusive, l’inflation cependant ce n’est pas le sujet primordial en ce moment. Grâce à cette politique de change, nous créons les conditions d’une création de productions existantes et à venir, actuellement importées, et favorisons ainsi la baisse du chômage et l’amélioration des comptes sociaux et publics du fait de nouvelles rentrées de cotisations sociales et d’impôts. La hausse du prix des importations pétrolières qui s’ensuivra permettra un retour à la solvabilité et le développement dans les énergies renouvelables.
5) Outils statistiques
L’approche imbécile des statisticiens, non-remise en cause par les Politiques, de la comparaison d’un stock de dettes par rapport à des flux (le PIB) et non par rapport au patrimoine est un non sens. On compare un passif par rapport à un actif et on compare la charge de la dette (capital inclus) par rapport aux revenus. A titre d’exemple, à fin 2009 (dernière statistiques connu) le Patrimoine des Administration Publiques s’élevait à 2258 Milliards €, la dette à 1582 Milliards, soit 70% de ce patrimoine.