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Des banques centrales qui n’hésitent pas sur les moyens

Après l’annonce de politique d’achat d’actifs de la Fed, et le dispositif d’OMT de la BCE, cette annonce constitue incontestablement une nouvelle étape dans la conduite des politiques monétaires non conventionnelles, dont les conséquences sur les marchés n’en sont qu’à leur début.

États-Unis : « ni-ni », ni accélération, ni retour en récession

Après un flux de bonnes nouvelles macroéconomiques au premier trimestre, les indicateurs les plus avancés du cycle conjoncturel suggèrent que le deuxième trimestre sera en retrait par rapport au précédent. Les industriels semblent vouloir marquer une pause dans le restockage. En particulier, dans le secteur automobile, la production a davantage progressé que les ventes, ce qui traduit la possibilité d’un déstockage avant un redémarrage de la production (à long terme toutefois, le stock des immatriculations automobiles n’est pas particulièrement élevé et le parc automobile est plutôt ancien, si bien que les ventes devraient continuer d’augmenter). La décélération du deuxième trimestre serait accentuée par une consommation des ménages un peu moins dynamique, et des dépenses publiques affectées par des objectifs revus en baisse.

Au-delà de cette « pause » de printemps, l’économie américaine reste sur un sentier de croissance. En effet, les indicateurs de climat des affaires restent positivement orientés dans la plupart des États américains et simultanément dans tous les secteurs.

Au total, nous restons sur un scénario de « ni-ni » : ni accélération/emballement, ni retour en récession, mais une croissance sur l’ensemble du premier semestre qui sera autour du « potentiel de long terme » de l’économie américaine, à savoir 2,5%, avec un profil plus favorable au premier trimestre qu’au deuxième.

Zone euro : les statistiques récentes ont été décevantes

Les dernières publications économiques en Zone euro ont été décevantes : alors que les indicateurs avancés suggéraient des signes de stabilisation, ils se sont retournés à la baisse en mars. Ces indicateurs ont été en retrait dans quasiment tous les pays de la zone et dans tous les secteurs (industrie, construction, services et distribution). L’Allemagne reste le « maillon fort » avec une situation de l’emploi et de l’investissement (notamment en biens d’équipement) qui détonne avec le reste de l’UEM.

Ce repli n’est pas propre à la Zone euro puisque les statistiques ont été plutôt décevantes dans de nombreux pays (cf. États-Unis supra). Et à l’instar de d’autres zones, il semble que les entreprises soient inquiètes par le manque de visibilité sur les politiques économiques (fiscale et structurelle).

Un point ne fait pas la tendance, et cela ne nous conduit pas à modifier notre prévision de croissance de -0,5% pour 2013 qui reste plus pessimiste que le consensus. Mais il est nécessaire que ce repli ne soit pas davantage marqué. La zone euro reste vulnérable. En effet, si les indicateurs avancés devaient encore baisser sensiblement, les investisseurs pourraient s’inquiéter sur les problématiques d’endettement, de gouvernance européenne et du manque de coordination des politiques économiques. Et la BCE qui privilégiait un statu quo, pourrait alors être amenée à envisager une nouvelle action monétaire.

Japon : une politique monétaire sans tabou

A l’issue de sa dernière réunion, la Banque du Japon a annoncé une nouvelle étape extrêmement importante d’assouplissement monétaire. Elle affiche explicitement l’objectif de ramener, dans un horizon de deux ans, l’inflation à 2,0% (celle-ci s’établit actuellement à -0,7%, reflétant un environnement déflationniste). Pour ce faire, la Banque du Japon se donne, pour l’essentiel, deux moyens : doubler sa base monétaire d’ici fin 2014, et acheter 50 trillions JPY de Japanese Government Bonds (JGB) par an (soit environ 45 milliards USD net par mois) d’obligations japonaises. Sachant que l’État japonais projette d’émettre 45 trillions de JGB en 2013, cette mesure devrait assécher le marché primaire de la dette japonaise.

Ce faisant, l’intention de la BoJ est double : d’une part, relancer les anticipations d’inflation pour réduire le coût réel de l’endettement et relancer le crédit dans l’économie ; d’autre part, assurer la soutenabilité de sa dette publique (qui s’établit à 230% alors qu’elle n’était « que » de 130% il y a dix ans).

Après l’annonce de politique d’achat d’actifs de la Fed, et le dispositif d’OMT de la BCE, cette annonce constitue incontestablement une nouvelle étape dans la conduite des politiques monétaires non conventionnelles, dont les conséquences sur les marchés n’en sont qu’à leur début.

Christophe Morel Avril 2013

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