Next-Finance : En quoi consiste la nouvelle réglementation sur la biodiversité pour les sociétés de gestion ?
Guillaume Lasserre : Cette nouvelle réglementation sur la biodiversité découle de l’article 29 de la loi française énergie-climat de 2019. Celle-ci oblige les sociétés de gestion et les investisseurs institutionnels non seulement à reporter l’impact de leurs investissements sur la biodiversité, mais aussi à se donner des objectifs en la matière.
Quels sont vos objectifs de préservation des espèces et des espaces naturels ?
En pratique, LBPAM tente d’actionner deux leviers. Le premier repose sur l’investissement, notamment à travers une politique d’exclusion (des sociétés ayant une incidence conséquente sur la biodiversité) et d’engagement actionnarial. Il s’agit d’engager un dialogue avec les entreprises investies afin de les inciter à réduire leurs impacts sur la biodiversité. Le second levier, repose sur le mécénat. Par exemple, nous nous sommes engagés à verser à l’association Nature 2050 une contribution proportionnelle aux encours, dans le cadre de notre fonds thématique axé sur l’environnement. Par ailleurs, nous calculons l’empreinte biodiversité de nos portefeuilles en utilisant les données de la liste des secteurs concernés, élaborée en partenariat avec CDC Biodiversité, une filiale de la CDC.
Comment quantifiez-vous vos actions ?
Nous évaluons notre empreinte grâce à la méthodologie MSA (« Mean Species Abundance ») qui nous permet de mesurer l’impact des entreprises sur la biodiversité, et si cet impact peut diminuer ou non.
De plus, nous intégrons systématiquement l’évaluation de la biodiversité au sein de notre modèle de notation propriétaire GREat (qui couvre l’ensemble des classes d’actifs et 9 000 émetteurs, sur quatre piliers : la gouvernance responsable, la gestion durable des ressources, la transition économique et énergétique, enfin, le développement des territoires).
Comptez-vous en faire davantage dans ce domaine pour les années à venir ?
Oui, tout à fait. Nous travaillons activement avec les fournisseurs de données pour que le nombre d’entreprises couvertes et la précision des mesures augmentent.
Comment trouver des datas sur le sujet ? Sont-elles fiables ?
Oui, elles sont fiables. Comme je vous le disais, en matière de données, nous travaillons avec CDC Biodiversité mais aussi avec l’organisation à but non lucratif « Carbon Disclosure Project », dont le rôle est de collecter des données auprès des entreprises.
Est-ce que votre fonds va hériter d’une partie des fonds que la CNP compte consacrer à la Biodiversité ? Quels sont vos objectifs en termes d’encours ?
Dans le cadre de notre politique biodiversité, avec le soutien de CNP Assurances, nous venons de lancer un fonds actions thématique, labellisé ISR, dédié à la biodiversité : Tocqueville Biodiversity ISR. Ce fonds a vocation à investir dans des entreprises cotées, dont les solutions contribuent à réduire l’impact de leurs activités sur la biodiversité. A terme, nous visons un encours d’un milliard d’euros.
Votre fonds sera-t-il catégorisé article 8 ou article 9 ?
Pour l’heure, le fonds thématique actions internationales Tocqueville Biodiversity ISR est catégorisé article 9 au titre du règlement européen SFDR (Sustainable Finance Disclosure).
Avez-vous un benchmark ? Un objectif de rendement annuel ?
L’univers d’investissement de Tocqueville Biodiversity ISR est global, couvrant toutes les zones géographiques et toutes les capitalisations boursières. Cependant, il s’agit d’un fonds de conviction ciblant les sociétés contribuant à améliorer la protection des écosystèmes. Compte tenu de cet enjeu, nous avons décidé de ne pas lui affecter d’indice de référence.
En termes de rendement, nous visons des performances qui pourraient être comparables au MSCI World, étant convaincu que la préservation du vivant et de la biodiversité crée de la valeur sur un horizon d’investissement de moyen/long terme.