Depuis le début août, l’Espagne et surtout l’Italie peinent à émettre des obligations sur les marchés de crédit. L’Espagne passe encore, elle a confondu la spéculation immobilière avec la croissance économique, mais l’Italie ?
Certes l’Italie est très endettée, ses dettes publiques atteignent 120% du PIB, c’est beaucoup... Mais ce n’est pas neuf, c’était vrai il y a dix ans, avant l’an 2000 !
Depuis, la dette publique italienne n’a donc pas progressé et au début 2009, lorsque les relances keynésiennes étaient à la mode, Giulio Tremonti, le Ministre italien des finances, a estimé que l’Italie n’avait pas les moyens de se payer une relance, aussi le déficit italien n’a pas dépassé 5,3% du PIB.
En France, il dépasse 7% pour 2011, après avoir dépassé 9% en 2009, en Grande Bretagne, le déficit budgétaire s’établit à 10% du PIB.
Surtout même si l’Etat italien fut une cigale notoire dans le passé, les italiens, avec un endettement de 37% du PIB sont de vraies fourmis. (Les britanniques sont endettés à plus de 130%, et les américains à 121%, tandis que l’Etat britannique est endetté à 84,5% du PIB, et l’état fédéral américain à 100% du PIB.
Pourquoi les cigales britanniques se financent plus facilement que l’Italie, et même que la France ? Pourquoi, le 14 septembre 2011, les « gilts » à 10 ans, du Trésor britannique, portent un taux d’intérêt de 2,45%, les bons du Trésor français, un taux de 2,66%, et les bons italiens un taux de 5,59% ?
La réponse est odieuse : La Grande Bretagne a sa Livre Sterling, La France et l’Italie n’ont pas « leur » Euro.
La Banque d’Angleterre a mené une « Politique quantitative » d’acquisition de bons du Trésor pour £200 milliards, donc les bons britanniques ont un acheteur goulu, de plus, les banques britanniques sont assurées d’obtenir de la Banque d’Angleterre, tous les crédits voulus lorsqu’elles apportent en garantie des bons du Trésor britannique.
Ce n’est pas le cas pour la France et l’Italie, elles ne peuvent pas émettre d’euros, et elles dépendent d’une BCE dont le mandat unique est de lutter contre l’inflation, donc d’être pingre.
C’est pourquoi, devant les marchés, l’Italie est devenue une pauvre quille, une proie sans défense. Demain, si la France veut recapitaliser ses banques aventurées en Amériques sous la forme de banques d’investissements (c’est-à-dire de spéculation), financées sur des marchés de crédits à très court terme, ou par des « Money Market Funds », qui, maintenant qu’il pleut, ferment le parapluie ouvert seulement par beau temps, ou la France trouvera-t-elle des euros, comment ?
Décidément, l’Euro se révèle bien une monnaie étrangère, et comme le disent les traders et les banquiers américains : « La vie est injuste »...