Depuis la crise financière de 2007, la maîtrise et la gestion des risques reviennent au centre des préoccupations des établissements financiers et des régulateurs. La réglementation européenne place le pilotage du risque au coeur de la gouvernance des assureurs via la directive Solvabilité 2.
Cette évolution réglementaire a pour principal objectif d’assurer une meilleure protection de l’assuré en obligeant l’assureur à quantifier plus justement et mieux gérer ses risques. Elle changera en profondeur la stratégie d’investissement des institutionnels.
Quel impact pour l’allocation d’actifs des assureurs ?
Certaines conséquences de la directive Solvabilité 2 sur la politique d’allocation d’actifs des assureurs sont d’ores et déjà bien connues :
la détention d’actifs risqués (actions, hedge funds…) est pénalisée,
l’obligataire et le crédit de bonne qualité sont privilégiés,
l’immobilier pourra être renforcé.
Pour autant, les changements induits par Solvabilité 2 sur l’allocation d’actifs sont plus profonds qu’il n’y paraît.
Une incitation à la diversification
Pour calibrer le montant de fonds propres requis, le régulateur impose des chocs standards dont la sévérité dépend de la classe d’actif (taux d’intérêt, crédit, actions, immobilier, change). Chaque impact est mesuré individuellement puis agrégé aux autres au moyen d’une matrice de corrélation.
Solvabilité 2 introduit une réduction de l’exigence de capital en utilisant cette matrice de corrélation entre les différents chocs standards et l’incitation à une plus grande diversification des actifs est forte.
Ainsi, du fait d’une corrélation négative entre le risque crédit et le risque d’illiquidité, allouer 15 % de crédit dans ses actifs permet de compenser la charge en capital inhérente au risque d’illiquidité.
En dosant de manière optimale l’injection d’actifs diversifiants, l’asset manager participe à la maîtrise du coût en capital réglementaire de son client.
Une optimisation de la volatilité du taux de couverture
Solvabilité 2 implique un changement radical en introduisant une valorisation en valeur de marché du bilan de l’assureur à l’actif comme au passif. Avec l’abandon de la valorisation en valeur historique, le taux de couverture de l’assureur est fortement impacté par les variations de marchés de taux, crédit ou actions.
La récente volatilité des marchés illustre l’impact potentiel de ce changement. Dès lors, il est parfaitement légitime qu’un assureur fixe un seuil en dessous duquel il ne souhaite pas voir sa marge de solvabilité baisser. L’objectif est de préserver un coussin de marge de solvabilité au dessus du minimum réglementaire quelles que soient les conditions de marché.
L’asset manager propose alors des solutions visant à minimiser la volatilité du taux de couverture et protéger le matelas de marge de solvabilité défini par son client.
Une allocation dépendante du niveau de richesse de la société d’assurance
Imaginons un instant que tous les assureurs appliquent la formule standard de la directive pour leur allocation d’actifs. Dans cette hypothèse, les allocations diffèreraient pourtant nettement d’un assureur à l’autre. En effet, dans l’approche retenue par Solvabilité 2, le besoin en fonds propres réglementaires est calibré en fonction du risque de ruine à horizon 1 an de chaque société d’assurance.
Par exemple, un assureur dont la marge de solvabilité est faible sera amené à diminuer ses placements risqués particulièrement chargés en capital dans la directive.
L’allocation d’actifs sera donc très différente selon :
la marge de manoeuvre dont dispose l’assureur pour sa marge de Solvabilité,
le matelas minimum de taux couverture qu’il souhaite préserver dans tous les cas,
la stratégie décidée par le management pour l’utilisation de sa marge de manoeuvre (amélioration du rendement des actifs ou croissance externe par exemple).
Pour être pertinent, l’asset manager préconisera systématiquement une allocation d’actifs adaptée à la situation bilancielle et à la stratégie de ses clients.