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"L’option nucléaire", un assouplissement quantitatif global, est peu probable au sein de la zone euro

La Banque Centrale Européenne (BCE) ne devrait pas avoir besoin d’activer « l’option nucléaire », c’est-à-dire un programme d’assouplissement quantitatif à grande échelle, dans la mesure où la croissance a fait son retour au sein de la zone euro. Mais une telle option n’est pas à exclure. Explications de Léon Corneslissen, économiste en chef de Robeco.

L’embellie de la conjoncture économique au sein d’une zone euro depuis longtemps en difficulté explique que nous assisterons prochainement à l’abandon de programmes d’austérité impopulaires. Par ailleurs, la menace déflationniste qui est susceptible de remettre fortement en cause la reprise économique s’éloigne grâce à une amélioration sur le front de la croissance.

La déflation est peu probable à mesure que l’économie se raffermit

Alors que ces deux problèmes sont maîtrisés, l’ironie veut que le principal ennemi de la BCE devienne la vigueur excessive de l’euro. La fermeté d’une devise est problématique puisqu’elle rend les exportations onéreuses et les importations bon marché. Cette situation est à double tranchant car elle pénalise les exportateurs de la zone euro et menace ainsi la reprise. De plus, elle encourage la désinflation car les marchandises importées sont alors moins chères.

Dans la mesure où l’économie se raffermit progressivement, la déflation est peu probable. Si elle parvenait cependant à se matérialiser dans les prochains mois, il est probable que ce soit temporaire. La politique économique au sein de la zone euro évolue également : l’arrivée à son terme de l’austérité constituera un nouveau facteur de soutien à la reprise.

Les nouveaux taux d’intérêt de la zone euro :

Des réticences à l’égard d’un assouplissement quantitatif généralisé

Dans un contexte marqué par la fermeté des récentes statistiques économiques de la zone euro, la BCE pourrait hésiter à adopter un programme avancé de relance monétaire. Ses mesures annoncées la semaine dernière, dont la baisse de son taux directeur, un taux de dépôt négatif et des programmes de refinancement modérés, ont été accueillies favorablement par les investisseurs.

La BCE n’a pas lancé de programme d’assouplissement quantitatif généralisé qui aurait constitué un électrochoc, mais elle n’a pas exclu une telle option. Toutefois, la BCE a exprimé à plusieurs reprises sa frustration à l’égard de la vigueur de l’euro, qui justifie clairement ses récentes décisions de politique monétaire.

Nous estimons que l’euro pourrait se déprécier par rapport au dollar car l’économie américaine s’est sensiblement redressée après un début d’année difficile. La valeur la plus récente de l’indice ISM manufacturier, à 55,4 en mai (un chiffre supérieur à 50 est synonyme d’expansion économique), signifie que la Fed continuera de réduire ses achats d’obligations.

L’économie américaine enregistrant désormais un net redressement après un premier trimestre atone, exceptionnellement imputable aux conditions météorologiques, nous pouvons nous attendre à une intensification des débats autour de la date du premier relèvement des taux d’intérêt américains, en conséquence de quoi le dollar s’appréciera.

La vigueur de l’euro justifie clairement les récentes décisions de politique monétaire

La non-atteinte de l’objectif d’inflation est-elle négligée par les investisseurs ?

Les investisseurs en revanche, ne doivent pas exclure la possibilité d’un programme d’assouplissement quantitatif en Europe : cette prévision qui figure dans l’annonce sur les taux faite par la BCE le 5 juin a peut-être été négligée par le marché. La banque centrale a en effet admis de manière détournée qu’elle n’atteindrait pas son objectif d’inflation d’ici la fin 2016, date limite des prévisions actuelles, tablant finalement sur une inflation de 1,5 %.

L’objectif de la BCE se monte généralement à 1,75 %. La banque centrale a admis explicitement qu’elle ne respecterait pas cet objectif sur son horizon de prévision. Il s’agit là d’une annonce sans précédent selon nous, qui dénote manifestement d’un signal en faveur d’un assouplissement plus poussé, à savoir dans le cas présent d’un assouplissement quantitatif généralisé. Néanmoins, un changement de politique en faveur d’un assouplissement quantitatif généralisé nous semble peu probable.

Tout bien compté, les mesures de la BCE stimulent de manière modérée les actifs risqués. On peut affirmer qu’une attention excessive est portée à la politique monétaire et que de véritables progrès économiques pourraient être obtenus beaucoup plus facilement grâce à une politique budgétaire. Cependant, les investisseurs seront rassurés par le clair engagement en faveur de l’assouplissement quantitatif si le besoin s’en fait ressentir.

Léon Cornelissen Juin 2014

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