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La dette nette des entreprises mondiales diminue pour la première fois en 8 ans

Au niveau mondial, la dette nette des entreprises a diminué de 0,2 % à taux de change constant en 2021/2022 pour atteindre 8 150 milliards de dollars - et cette baisse est appelée à se poursuivre

  • En France, le poids de la dette des entreprises retombe à son niveau pré-pandémique, et plus de trois entreprises françaises sur cinq ont réduit leurs dettes nettes sur les douze derniers mois
  • La forte augmentation des flux de trésorerie a permis de financer des dividendes record, des programmes de rachat d’actions et des remboursements de dette
  • Les secteurs pétrolier, minier et automobile ont connu de la plus forte réduction de la dette
  • La hausse des rendements obligataires s’est traduite par des remboursements, en particulier sur le segment high yield
  • Les indicateurs de soutenabilité de la dette sont solides et se sont considérablement améliorés en 2021/2022
  • Janus Henderson prévoit que la dette nette mondiale diminuera de 270 milliards de dollars en 2022/23, soit une baisse de 3,3 %.

Pour la première fois depuis 2014/2015, les entreprises du monde entier remboursent leurs dettes, selon l’indice annuel Janus Henderson sur la dette des entreprises (« Corporate Debt Index »). Les bénéfices d’exploitation ont augmenté de 51,4 % et atteint le montant record de 3 360 milliards de dollars en 2021/2022, entraînant une augmentation marquée des flux de trésorerie qui a permis de financer des dépenses d’investissement, des dividendes record, des programmes de rachat d’actions, ainsi que le service et le remboursement de la dette. Dans ce contexte, l’endettement net [1] a diminué de 1,9 % à 8 150 milliards de dollars en 2021/2022, soit un recul de 0,2 % à taux de change constant.

Un peu plus de la moitié des entreprises (51 %) ont réduit leur endettement à l’échelle mondiale ; hors États-Unis, cette tendance est plus marquée, avec 54% de réduction des dettes nettes.. Un quart des entreprises de l’indice Janus Henderson n’ont aucune dette ; ce groupe dispose collectivement d’une trésorerie nette de 10 000 milliards de dollars, dont la moitié est attribuable à neuf grandes entreprises. Parmi celles-ci figurent notamment des sociétés axées sur la technologie dans divers secteurs, telles qu’Alphabet, Samsung, Apple et Alibaba.

Les indicateurs de soutenabilité de la dette se sont nettement améliorés en 2021/2022. Au niveau mondial, le ratio dette/fonds propres a ainsi diminué de 5,7 points de pourcentage pour s’établir à 52,6 %, les trois quarts des secteurs ayant enregistré une amélioration. La part du bénéfice d’exploitation allouée aux charges d’intérêts est tombée à son niveau le plus bas en huit ans - 11,3 % seulement - en raison de la faiblesse des taux et de la solidité des marges bénéficiaires.

Au cours l’année à venir, Janus Henderson s’attend à une nouvelle baisse de l’endettement, la hausse des coûts de financement et le ralentissement économique incitant les entreprises à se montrer plus prudentes. Janus Henderson estime que les dettes nettes diminueront de 270 milliards de dollars (-3,3 %) à taux de change constant pour atteindre 7 900 milliards de dollars à la même période l’an prochaine.

Les réductions de dette les plus importantes concernent les secteurs énergétique, minier et automobile

L’évolution la plus importante a été observé dans le secteur de l’énergie : les producteurs de pétrole et de gaz ont réduit leur dette de 155 milliards de dollars, soit une baisse d’un sixième par rapport à l’année précédente [2], la flambée des prix de l’énergie ayant contribué à une nette amélioration de la situation du secteur. La forte hausse des flux de trésorerie des groupes miniers à l’échelle mondiale a permis de réduire l’endettement d’un quart [3]. Au sein du secteur automobile, les pénuries de composants ont eu pour effet de limiter les ventes de voitures, mais de favoriser des marges plus élevées sur les ventes, d’où un moindre besoin de financer des programmes de crédit à la consommation parmi les constructeurs automobiles.

Le poids de la dette des entreprises françaises retombe à son niveau pré-pandémique

Les entreprises françaises représentent près d’un quart des emprunts européens (24%). Plus de trois entreprises françaises sur cinq ont réduit leurs dettes nettes en 2021-2022, bien que le total ait augmenté de 3,5 % à taux de change constant en raison, notamment, d’un important rachat d’actions financé par emprunts par L’Oréal, de l’acquisition de Tiffany par LVMH et de l’impact de la hausse du prix des matières premières sur la valeur des contrats de couverture d’EDF, qui a généré une augmentation significative de la valeur de ses passifs à court terme.

A l’instar des producteurs pétroliers du monde entier, TotalEnergies a réduit ses dettes. Le ratio dette nette/fonds propres des entreprises françaises est tombé à 57 %, juste en dessous de son niveau pré-pandémique mais légèrement au-dessus de la moyenne mondiale, tandis que le rebond des bénéfices et les taux bas ont permis de mieux couvrir les paiements d’intérêts, à un niveau inégalé depuis au moins 2014-2015.

Des opportunités d’investissement pour les détenteurs d’obligations

Sur les marchés obligataires, les rendements des obligations d’entreprises ont fortement augmenté, surtout au sein du segment high yield, ce qui accroît le coût d’émission de nouvelles obligations. Les entreprises s’adaptent en remboursant leurs obligations ; la valeur nominale [4] des obligations a diminué de 115 milliards de dollars depuis le début du mois de juin 2021. Il existe désormais une bien plus grande différenciation entre les émetteurs à haut et à faible risque, entre les secteurs et entre les différentes échéances de la dette, ce qui offre de réelles opportunités aux gestionnaires de fonds actifs comme Janus Henderson. La plupart des secteurs étant confrontés à des vents contraires, les gérants de portefeuille recherchent des options à moindre risque dans des secteurs plus défensifs, tout en demeurant sélectifs.

Seth Meyer et Tom Ross, gérants de portefeuilles obligataires chez Janus, expliquent : « Les entreprises du monde entier ont prudemment choisi de combler par l’emprunt le gouffre creusé par la pandémie dans l’activité économique mondiale. Ces dettes étaient censées être temporaires - et elles l’ont été, comme à le prouve l’accent mis sur la réduction de l’endettement à court terme l’an dernier ».

« Nous estimons que cette baisse va se poursuive. La croissance économique pourrait ralentir ou disparaître, mais les entreprises se trouvent dans une position très rentable. En effet, elles disposent d’importants flux de trésorerie et peuvent facilement couvrir leurs charges d’intérêts. De plus, elles ne sont pas excessivement endettées et n’ont pas de besoins de refinancement importants ; de ce fait, elles ne sont en rien contraintes d’emprunter. Il semble donc que les entreprises seront bel et bien en mesure de surmonter un ralentissement économique et d’utiliser leurs flux de trésorerie afin de réduire davantage leur endettement plutôt que de devoir faire face à un défi existentiel susceptible de les obliger à se tourner à nouveau vers des prêteurs pour les aider à s’en sortir. In ne fait aucun doute qu’un marché baissier est peu favorable pour les investisseurs, mais pour les nouveaux investisseurs qui s’intéressent aux obligations d’entreprises, les rendements sont bien plus attractifs qu’au cours de ces dernières années. Il est presque certain que l’épargne liquide perdra de sa valeur réelle dans un contexte d’inflation élevée. De plus, les investisseurs ont fortement surpondérés leurs portefeuilles en actions lors de la phase d’expansion des marchés boursiers. Aussi, un rééquilibrage des portefeuilles en faveur des obligations pourrait être bénéfique pour beaucoup. Le ralentissement actuel aura une fin et, alors que de nouvelles opportunités s’offrent à nous lors de la sélection des titres, il y a encore de solides arguments en faveur de l’investissement dans les obligations d’entreprise ».

Next Finance Juillet 2022

Notes

[1] Dette à long terme et à court terme, moins la trésorerie et les équivalents de trésorerie

[2] -17,3 % ou -155 milliards de dollars, à taux de change constant ; -18,5 % ou -166 milliards de dollars, non corrigés des variations de change

[3] -23,4 % ou -35,1 milliards de dollars, non ajustés des variations de change ; -22,8 % à taux de change constant

[4] La valeur nominale est le montant emprunté et non la valeur de marché actuelle d’une obligation

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