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Les investisseurs institutionnels voient leurs coûts d’investissement augmenter malgré des baisses de frais sur certaines classes d’actifs

La hausse des investissements consacrés aux marchés privés et le lancement de nouveaux produits onéreux sont des facteurs clés de cette tendance apparemment contradictoire. Privilégier le rapport qualité/prix plutôt que de chercher uniquement à réduire les coûts peut être une stratégie payante et permettre de réduire significativement les frais...

Conclusions de la dernière étude de bfinance « Investment Management Fees : New Savings, New Challenges » [1]

La hausse des investissements consacrés aux marchés privés et le lancement de nouveaux produits onéreux sont des facteurs clés de cette tendance apparemment contradictoire Privilégier le rapport qualité/prix plutôt que de chercher uniquement à réduire les coûts peut être une stratégie payante et permettre de réduire significativement les frais

Les investisseurs examinent leurs coûts avec plus de vigilance que jamais et les frais diminuent sur plusieurs classes d’actifs et types de fonds. Pourtant, les institutionnels paient en moyenne une part plus importante de leurs actifs sous gestion en coûts d’investissement qu’il y a dix ans. Cette contradiction apparente est due à un ensemble de facteurs, dont la hausse des engagements sur les marchés de la dette privée et des actions ainsi qu’au lancement par les gérants d’actifs d’une pléthore de nouveaux produits plus onéreux, afin de tirer parti de la forte demande en investissements promettant des rendements élevés. Voilà les principales conclusions du dernier rapport de bfinance intitulé « Frais de gestion : nouvelles économies et nouveaux défis ».

Ce rapport examine les pressions sur les coûts qui pèsent sur les gestionnaires de fonds et révèle que les fournisseurs de gestion active, notamment, font l’objet d’une attention inédite. Les investisseurs prennent conscience des facteurs de risque et sont réticents à payer le prix fort pour du bêta déguisé en alpha dans un environnement de faibles taux, ce qui fait que chaque point de base compte. Bien que la performance nette soit l’indicateur le plus important, une mentalité nouvelle est en train d’émerger : les réductions même modestes se traduisent par des gains garantis sur le long terme car chaque centime du résultat net peut être capitalisé les années suivantes.

De nouveaux fournisseurs émergent en réponse à l’intérêt grandissant pour les fonds à faibles frais

Réduire les coûts : une multitude de nouveaux fournisseurs émergent pour remplir cette mission, avec l’aide des autorités réglementaires et des responsables politiques qui continuent de faire pression.

Nombre d’investisseurs cherchent à faire des économies en changeant de stratégie d’investissement, en rapatriant certaines fonctions en interne ou en rappelant leurs fournisseurs à la table des négociations.

Il en résulte une pression tarifaire sur plusieurs des principales classes d’actifs, y compris sur les gestionnaires d’actifs proposant du low volatily dont les frais ont diminué de 24 % et sur le segment smart beta où ils ont chuté de 25 %.

Toutefois, les frais sont restés relativement stables sur les gestions actions internationales actives, avec un recul de 8 %, seulement malgré la pression concurrentielle considérable à laquelle cette classe d’actifs est confrontée. Cela tient notamment à une tendance à l’agglutination autour des frais moyens, bien identifiés, la transparence ayant certes pour effet de limiter la sur-tarification mais également d’inhiber la sous-tarification. De plus, la gestion active a tendance à être positionnée comme une offre complémentaire, et non pas concurrentielle, aux stratégies systématiques. Par ailleurs, les gestionnaires communiquent davantage sur les indicateurs tels que l’alpha et la part de gestion active dans le portefeuille (« active share »), pour se distinguer des indices smart beta d’une part et des indices de marché d’autre part. Même au sein des recherches de gérants consacrées au smart beta, où les frais médians ont diminué de 24 %, le bilan est extrêmement nuancé selon les investisseurs, certains affirmant que les coûts n’ont pas évolué ces cinq dernières années et d’autres soutenant que les frais ont diminué de plus de 25 % sur la même période. Pour continuer de faire pression sur les frais, bfinance estime qu’un processus plus ouvert et concurrentiel, incorporant l’univers le plus large possible, est des plus utiles.

Les fonds de hedge funds subissent aussi une pression tarifaire

Les fonds de hedge funds (FHF) subissent aussi une pression tarifaire sur leurs frais, qui avaient diminué pour regagner le terrain perdu depuis la déroute consécutive à la crise financière internationale, avec des réductions de 20 % au niveau mondial et de près de 30 % en Europe.

Le défi consistant à attirer des capitaux dans les fonds de fonds alternatifs s’est corsé avec l’avènement du bêta alternatif et face à la popularité croissante de diverses stratégies multi-actifs ou diversifiées de croissance.

Les coûts totaux des fonds augmentent malgré les baisses de frais de certaines classes d’actifs

Malgré ces baisses de frais, les données fournies par CEM Benchmarking montrent que, pour les institutionnels faisant partie de sa base de données, les coûts totaux des fonds ont augmenté de 37,8 à 57,3 pb sur les dix dernières années. La demande croissante en investissements illiquides et alternatifs est un facteur significatif dans cette tendance, les investisseurs n’ayant pas l’avantage en matière de fixation des prix.

Les frais restent élevés là où la demande des clients continue de surpasser une offre permettant d’accéder à des opportunités d’investissement de qualité institutionnelle. Les frais appliqués aux marchés privés souffrent particulièrement de cette situation où il y a trop d’argent pour trop peu de bons gestionnaires.

Cependant, dans le capital-investissement et les infrastructures, les frais sont restés stables dans l’ensemble et certaines niches ont même subi d’importantes contractions tarifaires comme la dette privée européenne, en recul de plus de 30 pb, et les fonds de fonds primaires de capital-investissement.

Le lancement récent de produits d’investissement obligataires à la mode est un autre facteur, ces derniers étant plus onéreux que les fonds Global Aggregate, qui sont leurs homologues traditionnels. Les frais se dispersent fortement autour d’une médiane de 48 pb, et là encore, les prix sont peu corrélés avec les différences majeures dans la stratégie ou avec les écarts de suivi, qu’ils soient réalisés ou anticipés. Cela s’explique par la multiplication des mandats pour certains types de produits multi-actifs sans contrainte ou de rendement absolu, les rendements des produits obligataires traditionnels restant faibles, dans un contexte d’anticipation de remontée des taux d’intérêt suscitant des craintes de pertes en capital.

Le régime de retraite de BT (British Telecom) illustre que la recherche du meilleur rapport qualité/prix est une stratégie payante

Prenons l’exemple du régime de retraite de BT, qui, au cours des trois ou quatre dernières années, a privilégié les résultats en termes de rapport qualité/prix plutôt que de chercher uniquement à réduire les coûts dans son portefeuille de gestionnaires.

Le résultat fut une réduction des frais de 20 % environ, obtenue en passant d’une gestion active à une gestion passive ou en réduisant l’allocation aux classes d’actifs alternatives, lorsque cela semblait judicieux, le régime visant des résultats similaires ou meilleurs pour un coût moins élevé.

Ce résultat a été obtenu en améliorant significativement la surveillance, la supervision et l’analyse comparative des frais d’investissement et des coûts du régime, et en réduisant activement le nombre de mandats pour faciliter la mise en œuvre, qui s’était complexifiée avec le temps, et réduire les coûts en attribuant des mandats plus importants à un nombre plus restreint de gestionnaires. La négociation des frais sur mandats de fonds de fonds fut la principale source de réduction de coûts rapportée à la performance générée, tandis qu’une attention particulière a été portée au « partage de l’alpha » – la part de la valeur ajoutée qui est conservée par les gestionnaires au détriment des clients. Le régime a mené des négociations ciblées lorsque cet indicateur semblait trop favorable aux gestionnaires.

Enfin, la structure tarifaire fut un axe essentiel pour améliorer le rapport qualité/prix dont bénéficiait le régime. Dans certains cas, il a fallu abandonner des tarifications basées sur la performance au profit de simples frais de gestion, notamment lorsque la structure tarifaire penchait trop en faveur du gestionnaire. I

Principales conclusions du rapport pour les institutionnels

Pour les classes d’actifs qui ont connu des baisses de frais significatives, comme c’est le cas pour les actifs low volatility ou le smart beta, bfinance souligne qu’il est peut-être temps pour les institutionnels de rappeler leurs fournisseurs à la table des négociations afin d’obtenir des frais conformes aux nouvelles pratiques.

Par ailleurs, si les frais ont pu constituer un facteur décisif pour choisir ou écarter certains secteurs, comme les fonds de fonds de gestion alternative, les possibilités peuvent avoir bien changé aujourd’hui. Les investisseurs doivent donc réévaluer leurs options d’investissement en gardant cela à l’esprit.

L’allocation d’actifs joue toujours un rôle prépondérant, mais les parties prenantes ne doivent pas oublier que le risque de mise en œuvre détermine de plus en plus les résultats obtenus par les investisseurs sachant que les portefeuilles actuels sont devenus plus illiquides et onéreux. Pour autant, les investisseurs ne réalisent pas toujours qu’une fois la stratégie d’allocation d’actifs décidée, sa mise en œuvre peut diverger plus ou moins fortement dans la réalité. Les écarts entre l’une et l’autre doivent être identifiés, et bfinance invite à s’en saisir plutôt que de les ignorer. Kathryn Saklatvala, Global Content Director chez bfinance : « Selon notre rapport, les investisseurs paient en moyenne chaque année une part plus importante de leurs actifs sous gestion en coûts d’investissement qu’il y a dix ans. L’allocation accrue aux marchés privés, plus onéreux, et les nouveaux produits sans contrainte ou de rendement absolu ont le vent en poupe, ce qui compense les économies réalisées ailleurs. Mais une chose est claire : il est difficile d’avoir une bonne visibilité sur l’attribution de tous les coûts internes et externes associés à une classe d’actifs donnée, car l’interprétation des chiffres souffre souvent d’une simplification excessive.

Cette étude sur les frais confirme également les conclusions d’une étude précédente, qui soulignait la possibilité de faire des économies grâce à des mandats plus volumineux, des rabais suite à négociation et des seuils plus élevés pour les frais de performance, ces sujets restant toujours d’actualité. Le fait de publier des informations sur les frais proposés aux institutionnels par les fournisseurs lors de véritables processus de sélection des gérants, ainsi que les rabais réellement négociés, favorisera la transparence sur ce sujet souvent opaque et promouvra les intérêts des détenteurs d’actifs. Mais la visibilité est une arme à double tranchant, car si l’analyse comparative peut contribuer à garantir que les investisseurs ne payent pas trop cher, elle peut aussi dissuader les gestionnaires de proposer des prix bas. Chez bfinance, nous recherchons toujours des moyens de résoudre ce défi.

Bien qu’ils soient devenus plus onéreux, nous espérons que les portefeuilles institutionnels actuels seront aussi plus robustes et mieux diversifiés afin d’offrir aux parties prenantes une meilleure performance sur le long terme. Au final, les frais et les coûts à eux seuls ne sont jamais les indicateurs les plus importants, et cela prendra des années, voire des décennies pour mesurer le succès. En attendant, obtenir le meilleur rapport qualité/prix reste une priorité vitale. »

Geraint Morgan, Director, Portfolio Monitoring, chez bfinance et coauteur du rapport : « Dans l’environnement actuel, qui est de plus en plus complexe, nous travaillons avec les investisseurs pour qu’ils réévaluent, renégocient et repriorisent régulièrement leurs investissements afin de bénéficier du meilleur rapport qualité/prix. Toutes les réductions de coûts sont les bienvenues, quel qu’en soit le montant, celles-ci se traduisant par des gains garantis sur le long terme car chaque centime du résultat net peut être capitalisé les années suivantes. En réévaluant les coûts d’investissement dans certains secteurs, en renégociant les frais pour qu’ils correspondent davantage aux pratiques actuelles et en repriorisant le risque de mise en œuvre, qui est déterminant pour les résultats car les portefeuilles actuels sont devenus plus illiquides, nous sommes en mesure de conseiller nos investisseurs afin qu’ils s’assurent que leurs portefeuilles soient gérés de manière efficiente. »

Next Finance Mai 2017

Notes

[1] « Frais de gestion : nouvelles économies et nouveaux défis »

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