D’après un sondage réalisé auprès de 90 délégués réunis à la troisième conférence annuelle de gestion de trésorerie, organisée la semaine dernière à Londres par Fitch Ratings, les trésoriers d’entreprise européens sont préoccupés par la moindre qualité de crédit des banques, mais aussi par la régulation concernant le domaine bancaire et les fonds monétaires européens ("European money market fund - MMF"). Cet événement était organisé par la division "Fund and Asset Manager Rating group" de Fitch.
L’enquête met en évidence les difficultés rencontrées par les investisseurs de court terme, confrontés à la réglementation Bâle III - réduisant l’appétit des banques pour le financement à court terme - mais aussi à une révision potentielle du règlement européen des MMF :
- 70 % des délégués voient la liquidité quotidienne et le "matching" des flux de trésorerie comme les principaux objectifs des investisseurs de court terme, bien avant les considérations en matière de rendement qui est le principal objectif pour 17% des sondés.
- Près des deux tiers des délégués considèrent la question de la VNAV ("variable net asset value") contre celle de la CNAV ("constant net asset value") comme le point le plus important dans la régulation européenne proposée pour les MMF. Les investisseurs britanniques qui ont été le plus fortement représentés dans le public, sont plus sensibles à cette question que les autres investisseurs européens.
- Les trois quarts des délégués pensent que leur allocations aux MMF diminuerait si la majorité d’entre eux devaient passer à une valorisation VNAV, à la suite de la proposition réglementaire. En conséquence, ils s’attendent à réaffecter leurs liquidités investies sur des MMF vers des dépôts bancaires et des placements en directs sur des instruments de dette à court terme .
- 40 % des délégués ont déclaré que les changements dans la qualité du crédit bancaire représentent le plus grand défi auquel sont confrontés les trésoriers d’entreprises avec Bâle III ; les règlements MMF occupant la seconde position.
- 80 % des délégués ont déclaré que les notations des MMF sont explicitement mentionnées dans les prospectus d’investissement. D’ailleurs, ces notations participent à leur analyse des risques (49%) et à l’évaluation des processus de gestion / d’investissement (28%).
Au cours du séminaire , les analystes des départements "Fund and Asset Manager Rating group" et "Sovereign and Financial Institutions" de Fitch ont détaillé la situation des pays souverains, des banques et de l’environnement des MMF.
Bien que les risques de crédit à court terme aient diminué, les défis demeurent. Il ressort par exemple que l’univers des contreparties éligibles s’est rétréci, consécutivement à la baisse des notations des états souveraines et des banques au cours de ces dernières années . Parmi les 25 plus grandes banques, 44% ont ainsi reçu la note A et au delà, à la fin du mois d’août 2013, alors que cette proportion s’élevait comparativement à 88 % à la fin de l’année 2007.
Les analystes bancaires de Fitch ont imaginé l’impact de l’évolution vraisemblable des notations dans certains pays, imputable aux changements réglementaires et politiques. En l’absence d’améliorations fondamentales ou d’autres facteurs idiosyncrasiques, les notations les plus à risque sont celles situées au niveau appelé "Support Rating Floor (SRF)", c’est-à-dire dans les pays où la propension à soutenir un établissement financier est faible. Une situation de nature à réduire davantage le nombre de contreparties éligibles pour la plupart des trésoriers d’entreprise.
Les analystes "Fund and asset manager" de Fitch ont montré que les ratings des MMF restent stables et que les gestionnaires continuent de gérer activement la courbe des taux en dépit de rendements très faibles, ainsi que la liste réduite des contreparties éligibles.
La conférence a également présenté la situation des marchés monétaires européens, tout en organisant une table ronde réunissant un panel des experts de l’industrie. Le groupe a discuté de l’importance de l’efficacité opérationnelle des MMF et des conséquences du changement de modèle opérationnel des MMF sur les trésoriers des petites entreprises, notamment en termes de traitement fiscal et comptable.