Tout d’abord, on s’arrêtera sur la réflexion d’un de nos lecteurs, Arnaud qui se demande si certains organismes financiers n’ont pas négligé certaines activités de trading au profit d’autres.
Créateur associé de Greyspark, société londonienne de conseil en stratégie, organisation et technologie sur les systèmes de trading algorithmique, Frédéric Ponzo déconstruit les peurs et fantasmes liés aux risques du trading (...)
Il fait le constat d’une apparente similitude entre les activités de trading de Jérôme Kerviel (le trader mis en cause dans la fraude découverte à la Société Générale) et Kweku Adoboli : trading delta one (donc simple) sur des instruments vanilles et régulés (pas complexes). Il s’étonne alors de ne jamais avoir observé de fraude sur des instruments complexes ou exotiques. Doit on en conclure que ce n’est pas la complexité du trading qui génère une absence de suivi rigoureux des risques mais plutôt une absence de complexité ? On pourrait rapidement répondre par l’affirmative en lisant l’interview de Frédéric Ponzo. On pourrait ensuite souligner que l’une des plus grande fraude de l’histoire, celle de Bernard Madoff, s’est déroulée sur un véhicule simple. En effet, d’une part son fonds n’était pas véritablement un hedge fund et donc n’était pas considéré comme "complexe", et d’autre part offrait une bonne liquidité (souscription - rédemption), gage d’utilisation de produits "simples" et avec des frais de gestion bas !!!
Les cas majeurs de fraude liés aux activités de trading et les pertes financières associées ont mis en lumière la vulnérabilité stratégique des institutions financières...
Une autre hypothèse est que la réflexion sur une refonte des systèmes de contrôle et de risques n’ait pas eu lieu dans tous les établissements financiers. Beaucoup ont jeté l’opprobre sur la Société Générale en janvier 2008 sans nécessairement revoir leur procédure interne ou s’intéresser au développement nouveau sur le thème. On relira d’ailleurs avec intérêt la note de Bruno Piers de Raveschoot, « Trading et Fraude interne » publié sur ce portail en novembre 2010 et on retiendra cette phrase "Alors que la préoccupation principale de ces activités de trading demeure la crainte de pertes importantes, la vraie menace réside en réalité dans la capacité des établissements à mettre en place un système de contrôle qui puisse protéger toutes les facettes de leur stratégie commerciale".
Et pourtant la liste des fraudes dans les institutions financières ne s’arrête plus :
En 1995, les marchés financiers sont secoués par un scandale de grande ampleur. La Barings, une des banques les plus prestigieuses du Royaume-Uni est en faillite suite à des pertes réalisées par Nick Leeson, un de ses traders, âgé de 28 (...)
La CFTC porte plainte contre le hedge fund Amaranth et son ancien trader vedette Brian Hunter pour tentative de manipulation des prix des futures sur gaz naturel...
L’ancien patron du Nasdaq est accusé d’avoir monté une opération frauduleuse qui aurait coûté plus de 50 milliards de dollars à ses clients, investisseurs individuels, fonds de pension, et banques. Le coup risque d’être fatal à l’univers du conseil en (...)
La société générale a déclaré avoir été victime d’un trader peu scrupuleux, qui aurait dissimulé des pertes massives d’un montant de 4,9 milliards d’euros. A cela s’ajoute une dépréciation d’actifs liée aux subprimes d’un montant de 2 milliards (...)
Une fois que la lumière sera faite sur l’affaire "UBS", on saura si on peut raisonnablement rajouter cet évènement au tableau. Ce qui inquiète le plus, ce n’est pas tant l’occurrence des fraudes mais surtout les montants et cette banalisation du "milliard".