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Yann Duvaud-Schelnast : « L’ensemble de notre portefeuille – que ce soit pour le côté comme pour le non côté est sujet à une analyse/revue ESG »

Selon Yann Duvaud-Schelnast, responsable de l’investissement durable, de l’innovation et de la gouvernance chez Allianz France, le sujet du carbone occupe à ce jour une place clef au sein de la stratégie ESG de l’assureur.

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Next-Finance : Quelles ont été vos motivations pour participer à la mise en place des Principes pour un Investissement Responsable « PRI » ?

Yann Duvaud-Schelnast : Les PRI se sont imposés comme une étape naturelle dans notre démarche d’investisseur institutionnel responsable. Nous sommes d’ailleurs fiers d’appartenir à ce petit groupe d’investisseurs signataires, et ce depuis 2007. L’approche des PRI convient à notre stratégie ESG dans la mesure où ces Principes suggèrent et incitent sans qu’ils soient obligatoires en fournissant une palette d’action pour favoriser le développement d’une politique ESG forte, dans la chaine de valeur d’un investisseur ou d’un gérant d’actifs. Dans le cadre de la sélection de nos partenaires, nous leur demandons systématiquement s’ils sont signataires.

Concrètement, quels engagements en ont découlé ?

De notre côté, cela nous a encore plus engagé dans la voie de la définition de notre approche ESG et de son application au sein de notre portefeuille. Nous travaillons également avec les PRI et autres acteurs du secteur financier, à travers des conférences ou des groupes de travail pour améliorer l’efficacité de la mise en œuvre des PRI.

Dans le cadre des discussions avec nos asset managers, cela nous permet d’entamer la discussion sur leur approche/stratégie ESG.

Il y a quelques années, l’ex PDG d’AXA, Henri De Castries déclarait qu’un monde plus chaud de 4 degrés sera impossible à assurer. Le secteur des assurances est-il un des secteurs les plus à risque en cas de réchauffement climatique ? Comment prenez-vous en compte ce risque dans vos portefeuilles aujourd’hui ?

Il est évident que le lien entre notre activité première qui est l’assurance et le réchauffement climatique (et tout ce qui en découle) est fort. Nous assurons des biens ainsi que des entreprises dont les unités de production peuvent éventuellement se trouver dans une zone à risque CatNat (tempête, faille sismique, inondation, etc…). Du côté de l’actif, nous sommes confrontés à deux types de risques :
i) les risques de transition, il s’agit de risques induits par la transition vers une économie dite bas carbone et qui tient compte des évolutions réglementaires, politiques, d’atténuation du marché, lesquelles peuvent, à long terme, engendrer des difficultés pour une entreprise.
ii) les risques physiques : il s’agit ici de l’exposition aux impacts physiques découlant directement du changement climatique. Il existe des risques graves (augmentation de la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes : cyclones, inondations) et des risques chroniques (évolution des régimes de précipitation, élévation du niveau des océans).

Cherchez-vous à réduire l’empreinte carbone de vos portefeuilles ? Quelles méthodes utilisez-vous pour mesurer cette empreinte carbone au sein de vos portefeuilles ?

Au sein de notre stratégie ESG, le sujet du carbone occupe à ce jour une place clef. Notre volonté est non seulement de comprendre les tenants et aboutissants de la problématique carbone mais aussi de nous fixer des objectifs forts et d’y répondre. Nous nous sommes donc publiquement engagés, en septembre 2019, à atteindre la neutralité carbone au sein de notre portefeuille d’actifs à horizon 2050. Dans ce cadre, nous nous sommes attachés à définir notre approche « carbon smart » par une arborescence d’initiatives/actions que nous menons pour évaluer et faire face au sujet. Même si nous affichons notre objectif et donc notre target, la première étape consiste à comprendre comment évaluer notre portefeuille à aujourd’hui. Pour cela, nous avons recensé puis évalué les différentes méthodologies et fournisseurs de données existants sur le marché pour déterminer la valeur carbone de notre portefeuille (empreinte carbone et autres métriques climatiques). Nous utilisons les données du CDP ainsi que de TruCost et d’EcoAct. Une étape récente et importante dans le déploiement de nos ambitions sur le carbone est la création de L’Asset Owner Alliance (soutenue par les Nations Unies depuis son lancement en septembre 2019) dont nous sommes un membre fondateur et qui s’est très vite étendue et regroupe dorénavant plusieurs grands investisseurs institutionnels (au nombre de 19). Nous avons fait de la décarbonation des portefeuilles l’un des principaux objectifs de cette initiative.

Avez-vous un objectif d’une allocation 100% ISR / Green / ESG ?

Le principal objectif d’Allianz France est de veiller à la résilience de ses actifs dans l’intérêt du client. L’ensemble de notre portefeuille – que ce soit pour le côté comme pour le non côté est sujet à une analyse/revue ESG. Pour toutes nouvelles opportunités d’investissement, nous menons, en parallèle de l’analyse financière (faite par d’autres équipes au sein de l’unité) notre analyse ESG dont le département Investissement Durable et Innovation porte la responsabilité.

Investissez-vous dans les green bonds ? En direct ou via des fonds dédiés ?

Les Green Bonds est une classe d’actifs intéressante car innovante. De manière naturelle, nous détenons des Green Bonds, ce qui est le signe d’une certaine appétence de la part de nos asset managers pour cet actif. De manière plus pro active, nous avons mandaté, l’année dernière, Allianz Global Investor la gestion d’un fonds Green Bonds.

Swiss Re a récemment changé les benchmarks traditionnels de son portefeuille d’investissement par des benchmarks ESG, est-ce que cette réflexion a été entamée chez vous ?

Nous regardons en effet le sujet des benchmarks. La commission européenne, à travers les groupes de travail du TEG, regarde le sujet. A ce stade, il reste encore à définir ce qu’est un réel benchmark ESG ou climat et ce qui s’y cache. Nous ne sommes pas négatifs sur les benchmarks mais préférons les analyser et mieux les comprendre avant de les faire adopter à nos Asset Managers.

Quels sont vos principaux sujets d’intérêts et axes de développement à court et moyen terme ?

La thématique de l’ESG au sein d’un portefeuille d’actif est de plus en plus vaste et de plus en plus complexe. Nous devons tout d’abord, afin de faire face aux responsabilités qui nous ont été confiées, continuer à nous renforcer sur notre expertise et prioriser les chantiers à venir. Au-delà de ce qui a été mentionner ci dessus avec la volonté de developer l’AOA et de travailler collectivement sur les méthodologies de décarbonation d’un portefeuille d’actifs, nous menerons en 2020 différents chantiers. Nous devons en premier lieu ne jamais oublier le client final à qui nous devons adresser un message clair et transparent sur les différentes initiatives et actions que nous menons. La partie reporting et notamment une réponse solide à l’article 173 sur la loi de la transition énergétique doit être continuellement améliorée. La définition/structuration de produits que nous jugeons en ligne avec notre stratégie ESG occupe une place importante. Notre capacité à entreprendre doit être renforcée – nous restons attentifs à toutes nouvelles opportunités d’investissement. De nouvelles thématiques vont gagner en importance et le sujet de la biodiversité notamment (liée au sujet carbone) sera au cœur de nos études dans les mois qui viennent.

Enfin, dans la continuité de 2019, nous porterons attention à étoffer notre approche de l’impact investing qui est un sujet très cher à notre stratégie ESG.

RF Mars 2020

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