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Activité des prêts de titres : Est-il compatible de vouloir couvrir à la fois le marché de la gestion collective et celui des investisseurs institutionnels ?

Pour le spécialiste du prêt de titres, cibler la gestion collective permet de s’en tenir à un seul modèle opérationnel et d’en industrialiser les processus…

Le marché du prêt de titres met face à face, d’un côté des banques d’investissement et des hedge funds, qui empruntent pour financer essentiellement des ventes à découvert, et de l’autre des sociétés de gestion d’actifs et des investisseurs institutionnels, qui prêtent des titres pour se constituer un complément de revenu. Comme le prêt de titres est une activité de spécialiste, sociétés de gestion d’actifs et investisseurs institutionnels délèguent généralement cette fonction à un agent.

Pour l’agent prêteur, ces deux catégories de clientèle ont des besoins différents : les sociétés de gestion d’actifs cherchent à appliquer un modèle opératoire commun à tout un ensemble de fonds ‘prêtables’, tandis que chaque portefeuille institutionnel est un client à part entière. D’autre part, les OPCVM sont assujettis à une réglementation plus contraignante, notamment au contrôle du dépositaire pour ceux de droit français. Prêter les titres des OPCVM s’apparente ainsi à du « prêt-à-porter » tandis que le service, le plus souvent sur mesure, rendu aux institutionnels, relève davantage de la « haute couture ».

Après des années de forte croissance, le marché du prêt-emprunt de titres voit son développement entravé par les restrictions croissantes apportées à la vente à découvert, qui mettent en jeu les revenus tirés du prêt de titres, et par le renforcement des obligations pesant sur les OPCVM prêteurs de titres, qui engendre des coûts d’exploitation supplémentaires. Le prestataire ne peut plus parier sur une hausse régulière du volume d’opérations et un maintien des marges pour rentabiliser son dispositif. Il doit plus que jamais veiller à ce que celui-ci soit bien adapté au modèle économique choisi.

Pour le spécialiste du prêt de titres, cibler la gestion collective permet de s’en tenir à un seul modèle opérationnel et d’en industrialiser les processus. Les économies d’échelle réalisées par ce "prêt-à-porter" peuvent alors être répercutées au profit des fonds. En revanche, cibler les investisseurs institutionnels hors de la gestion collective oblige à la flexibilité.

L’établissement qui cible les deux clientèles, dans un modèle économique mixte, doit ainsi adapter son organisation et son système d’information en conséquence.

Sur le plan organisationnel, il dédiera de préférence à chacune des deux clientèles un middle-office, un support commercial, voire une équipe de règlement-livraison ; ces équipes doivent avoir un dimensionnement adapté, les prestations rendues aux clients institutionnels faisant appel à davantage de processus manuels que celles rendues aux OPCVM.

Sur le plan informatique, pour la gestion des prêts de titres logés dans des fonds, on privilégiera un progiciel, tandis que pour la gestion des prêts de titres logés dans des portefeuilles institutionnels hors OPCVM, un équipement associant développements internes et outils bureautiques apportera la souplesse nécessaire sans peser sur le retour sur investissement.

Bruno Mathis Novembre 2011

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