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Chine : pourquoi le bon début d’année 2022 pourrait ne pas durer

L’économie chinoise a bien démarré l’année 2022, mais les marchés financiers anticipent déjà des périodes plus difficiles. L’analyse de David Rees, Economiste senior, Marchés émergents chez Schroders...

En effet, une vague massive de nouveaux cas de Covid dans le pays a coïncidé ces dernières semaines avec une détérioration des perspectives mondiales.

Nous misons toujours sur une amélioration de l’activité économique d’ici la fin de l’année, ce qui devrait soutenir les marchés. Toutefois, ceux qui espèrent un redressement solide risquent être déçus.

Comment l’économie chinoise a-t-elle progressé depuis le début de l’année ?

Selon les données officielles d’activité publiées par le Bureau national des statistiques (NBS), l’économie chinoise a démarré l’année en fanfare.

On constate une forte accélération des investissements en actifs fixes, c’est-à-dire dans les usines, les routes, les réseaux électriques et l’immobilier, qui ont progressé de 12,2 % sur un an en janvier et février, contre 4,9 % en décembre, tirées par les investissements dans l’industrie manufacturière et les infrastructures. Parallèlement, la croissance de la production industrielle et celle des ventes de détail ont également été bien supérieures aux attentes, progressant respectivement de 7,5 % et de 6,7 % en glissement annuel.

Notre indicateur interne, qui combine les données mensuelles sur l’activité et le commerce pour mesurer le rythme de croissance officiel du PIB, suggère que la croissance économique globale a accéléré à environ 6 % en glissement annuel au cours des deux premiers mois de l’année, contre 4 % au 4ème trimestre de l’année dernière.

Les données d’activité ont été bien meilleures que prévu. Par exemple, le consensus tablait sur une légère décélération de la croissance des investissements dans les actifs fixes à 4,9 % en glissement annuel, alors que chiffre réel représente plus que le double.

Il faut toutefois noter que la plupart des autres indicateurs ont été relativement atones en janvier et février. Les différentes enquêtes sur les indices des directeurs d’achat (PMI) n’ont certainement pas signalé une forte reprise de l’activité, puisqu’elles ont oscillé autour du seuil de 50 (plus de 50 indiquant une expansion, moins de 50 indiquant une contraction).

Pourquoi l’activité pourrait-elle être modérée à court terme ?

Indépendamment de ces divergences apparentes, il y a au moins trois raisons de penser que l’économie chinoise marquera le pas dans les mois à venir.

Premièrement, les exportations de produits manufacturés, principal moteur de la croissance durant les deux dernières années, devraient ralentir. La composante des nouvelles commandes à l’exportation de l’indice PMI manufacturier Caixin progresse peu depuis quelque temps et a historiquement précédé la croissance nominale des exportations d’environ cinq mois.

Parallèlement, les perspectives économiques mondiales semblent de plus en plus stagflationnistes, laissant présager que la hausse de l’inflation, notamment celle des prix des produits de base comme les denrées alimentaires et l’énergie, pourrait bientôt freiner la demande de biens manufacturés. La croissance nominale des exportations a ralenti à 16,3 % sur un an en janvier/février et devrait encore fléchir dans les mois à venir.

Deuxièmement, les cas de Covid-19 sont en forte hausse en Chine, à tel point qu’ils sont désormais à leur niveau le plus élevé depuis la première vague de la pandémie début 2020. Un débat animé a eu lieu ces dernières semaines de l’assouplissement de la politique zéro Covid du gouvernement, mais le nombre croissant de cas risque lui-même de provoquer de nombreuses perturbations.

De nombreuses régions du pays sont maintenant soumises à des mesures de confinement, notamment les puissances économiques que sont Shanghai et Shenzhen. Non seulement cette situation risque de freiner l’activité intérieure, mais elle pourrait également faire ressurgir des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Troisièmement, il n’y a pas eu d’assouplissement significatif de la politique monétaire jusqu’à présent. La récente réunion du Congrès national du peuple chinois a fixé ce qui est généralement considéré comme un objectif de croissance ambitieux de 5,5 % pour cette année, sans annoncer de soutien budgétaire majeur ni d’assouplissement des restrictions dans le secteur immobilier. La croissance du crédit a été modérée en février et la banque centrale a également déçu les anticipations d’une baisse des taux d’intérêt récemment.

On voit quand même la lumière au bout du tunnel

Nous prévoyons une amélioration cyclique de l’activité dans le courant de l’année, ce qui devrait offrir un certain soutien aux marchés. Mais les espoirs d’un retournement fort comme celui observé en 2015/16 sont susceptibles d’être déçus et nous pensons que la croissance du PIB sera plus faible ce qui est globalement attendu.

Il y a toujours un certain décalage entre le taux de croissance officiel du PIB et ce que nous disent les indicateurs de niveau inférieur, et il convient de noter que le gouvernement n’a jamais manqué son objectif de croissance.

Toutefois, nous pensons que le PIB progressera d’environ 4,6 % cette année, et que la croissance atteindra 5 % en 2023.Chine : pourquoi le bon début d’année 2022 pourrait ne pas durer David Rees, Economiste senior, Marchés émergents

L’économie chinoise a bien démarré l’année 2022, mais les marchés financiers anticipent déjà des périodes plus difficiles.

En effet, une vague massive de nouveaux cas de Covid dans le pays a coïncidé ces dernières semaines avec une détérioration des perspectives mondiales.

Nous misons toujours sur une amélioration de l’activité économique d’ici la fin de l’année, ce qui devrait soutenir les marchés. Toutefois, ceux qui espèrent un redressement solide risquent être déçus.

Comment l’économie chinoise a-t-elle progressé depuis le début de l’année ?

Selon les données officielles d’activité publiées par le Bureau national des statistiques (NBS), l’économie chinoise a démarré l’année en fanfare.

On constate une forte accélération des investissements en actifs fixes, c’est-à-dire dans les usines, les routes, les réseaux électriques et l’immobilier, qui ont progressé de 12,2 % sur un an en janvier et février, contre 4,9 % en décembre, tirées par les investissements dans l’industrie manufacturière et les infrastructures. Parallèlement, la croissance de la production industrielle et celle des ventes de détail ont également été bien supérieures aux attentes, progressant respectivement de 7,5 % et de 6,7 % en glissement annuel.

Notre indicateur interne, qui combine les données mensuelles sur l’activité et le commerce pour mesurer le rythme de croissance officiel du PIB, suggère que la croissance économique globale a accéléré à environ 6 % en glissement annuel au cours des deux premiers mois de l’année, contre 4 % au 4ème trimestre de l’année dernière.

Les données d’activité ont été bien meilleures que prévu. Par exemple, le consensus tablait sur une légère décélération de la croissance des investissements dans les actifs fixes à 4,9 % en glissement annuel, alors que chiffre réel représente plus que le double.

Il faut toutefois noter que la plupart des autres indicateurs ont été relativement atones en janvier et février. Les différentes enquêtes sur les indices des directeurs d’achat (PMI) n’ont certainement pas signalé une forte reprise de l’activité, puisqu’elles ont oscillé autour du seuil de 50 (plus de 50 indiquant une expansion, moins de 50 indiquant une contraction).

Pourquoi l’activité pourrait-elle être modérée à court terme ?

Indépendamment de ces divergences apparentes, il y a au moins trois raisons de penser que l’économie chinoise marquera le pas dans les mois à venir.

Premièrement, les exportations de produits manufacturés, principal moteur de la croissance durant les deux dernières années, devraient ralentir. La composante des nouvelles commandes à l’exportation de l’indice PMI manufacturier Caixin progresse peu depuis quelque temps et a historiquement précédé la croissance nominale des exportations d’environ cinq mois.

Parallèlement, les perspectives économiques mondiales semblent de plus en plus stagflationnistes, laissant présager que la hausse de l’inflation, notamment celle des prix des produits de base comme les denrées alimentaires et l’énergie, pourrait bientôt freiner la demande de biens manufacturés. La croissance nominale des exportations a ralenti à 16,3 % sur un an en janvier/février et devrait encore fléchir dans les mois à venir.

Deuxièmement, les cas de Covid-19 sont en forte hausse en Chine, à tel point qu’ils sont désormais à leur niveau le plus élevé depuis la première vague de la pandémie début 2020. Un débat animé a eu lieu ces dernières semaines de l’assouplissement de la politique zéro Covid du gouvernement, mais le nombre croissant de cas risque lui-même de provoquer de nombreuses perturbations.

De nombreuses régions du pays sont maintenant soumises à des mesures de confinement, notamment les puissances économiques que sont Shanghai et Shenzhen. Non seulement cette situation risque de freiner l’activité intérieure, mais elle pourrait également faire ressurgir des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Troisièmement, il n’y a pas eu d’assouplissement significatif de la politique monétaire jusqu’à présent. La récente réunion du Congrès national du peuple chinois a fixé ce qui est généralement considéré comme un objectif de croissance ambitieux de 5,5 % pour cette année, sans annoncer de soutien budgétaire majeur ni d’assouplissement des restrictions dans le secteur immobilier. La croissance du crédit a été modérée en février et la banque centrale a également déçu les anticipations d’une baisse des taux d’intérêt récemment.

On voit quand même la lumière au bout du tunnel

Nous prévoyons une amélioration cyclique de l’activité dans le courant de l’année, ce qui devrait offrir un certain soutien aux marchés. Mais les espoirs d’un retournement fort comme celui observé en 2015/16 sont susceptibles d’être déçus et nous pensons que la croissance du PIB sera plus faible ce qui est globalement attendu.

Il y a toujours un certain décalage entre le taux de croissance officiel du PIB et ce que nous disent les indicateurs de niveau inférieur, et il convient de noter que le gouvernement n’a jamais manqué son objectif de croissance.

Toutefois, nous pensons que le PIB progressera d’environ 4,6 % cette année, et que la croissance atteindra 5 % en 2023.

David Rees Avril 2022

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