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Jeremy Bell : « Les plans de secours ne priveront pas les fonds de liquidités »

Selon Jeremy Bell, avocat d’affaires et associé chez Ashurst à Londres, certaines firmes s’assurent que leurs euros sont dans des comptes bancaires de juridictions de pays forts, plutôt que dans des comptes bancaires de pays faibles de l’eurozone…

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Next-finance : Les fonds d’investissement semblent préparer des plans de secours dans l’optique du démembrement de la zone euro. Confirmez-vous que cela est en train de se produire ?

Jeremy Bell : A ma connaissance, les fonds ne préparent pas spécifiquement des plans de secours, car ils ne peuvent pas encore prédire les conséquences ou possibilités de ce qui pourrait se produire.
Néanmoins, j’ai discuté de cela la semaine dernière avec un gestionnaire d’actifs, et certaines firmes s’assurent effectivement que leurs euros sont dans des comptes bancaires de juridictions qui vont probablement rester dans l’eurozone, dans des pays forts, plutôt que dans des comptes bancaires de pays faibles de l’eurozone : si l’un de ces derniers pays quitte l’eurozone, il est possible que les euros soient convertis dans une nouvelle monnaie locale. Il y a donc ici et là l’impression que quelques gestionnaires prennent des initiatives dans ce sens, mais je ne connais pas l’étendue de cette action.
Au-delà de cela, si quelque chose se produit dans l’eurozone, si des pays en sortent ou si la zone est démantelée, un plan de secours devrait être mis en place très rapidement, en fonction des informations disponibles, et à ce moment-là nous pourrons être en mesure de savoir comment gérer la situation.

Eurozone : comment la City se prépare à un éventuel scénario catastrophe

Dans les grandes banques d’investissement, des équipes spéciales de dix à trente personnes sont entièrement dévolues à la préparation de « kits de sauvetage » adaptés à tous les scénarios consécutifs à un démembrement de la zone (...)

Combien de temps serait nécessaire pour réagir ?

Les firmes de private equity devraient développer leur plan très rapidement. Le principal risque serait de gérer le risque sur les nouveaux taux de change qui pourraient être introduits. Elles devront trouver un moyen sûr. Par exemple, si une cible d’investissement est fixée en euros, avec un engagement des investisseurs en euros, il n’y aurait pas de problème de taux de change. Mais si la cible d’investissement évolue vers une autre monnaie, par exemple la drachme grecque, des soucis apparaîtraient. Les gestionnaires pourraient être amenés à consulter au préalable les investisseurs sur la meilleure façon, selon eux, de gérer le risque d’un nouveau taux de change. Les firmes de private equity sauront réagir très vite car leurs équipes sont généralement agiles et flexibles, et de toute façon elles n’auront pas le choix.

Le plan de secours sera-t-il le même pour toutes les firmes, ou vont-elles adopter des approches nettement différenciées ?

Cela dépendra de la monnaie dans laquelle leurs fonds seront libellés, d’où ils font leurs investissements, et de ce qui se produit dans l’eurozone. Des fonds européens peuvent être libellés en dollars US si leur base d’investisseurs se situe essentiellement aux Etats-Unis et dans ce cas, les étapes seront différentes de celles d’un fonds libellé en euros. Autrement dit, cela sera vraiment du cas par cas pour déterminer quelles mesures doivent être prises.
Dans l’hypothèse très improbable où l’eurozone s’effondre, tout le monde sera dans le même bateau pour essayer de limiter les conséquences. Cela dit, d’une certaine manière, un fonds de private equity fonctionne de manière très simple : retrait des investissements, placement, puis réinvestissement et retour des liquidités aux investisseurs. Avec la possibilité d’introduire dans cela un risque de taux de change, accompagné de mesures à discuter avec les investisseurs.

Quels signaux peuvent indiquer qu’un plan de secours n’est pas ou plus effectif ?

Arrêt des investissements précoce, ou suspension des investissements jusqu’au retour de la stabilité. D’une certaine manière, cela peut être le principe même du plan – attendre et observer – plutôt qu’un échec du plan.

D’où vient l’argent des plans de secours ? Quelles seront les conséquences de cet argent utilisé pour la sécurité du fonds plutôt que pour la croissance ?

Le coût principal sera lié au conseil et à l’expertise juridique. Mais généralement, je ne vois pas les plans de secours comme des éléments pouvant entraîner une baisse de liquidités pour les activités des fonds. J’espère simplement qu’ils seront simplement en pause le temps que les choses se règlent. Ce ne sera pas bon pour la reprise économique, bien entendu. Mais on peut aussi imaginer que des fonds profitent de ces opportunités pour se positionner de façon à acquérir des actifs sous-évalués.

Le sommet de Bruxelles du début du mois, jugé décisif par les politiques, un peu moins par les spécialistes, a-t-il atténué les angoisses ?

Dans le monde du private equity, on ne voit pas rapidement les effets de ce genre de sommet. Il faut du temps. La réalité, c’est que l’industrie du private equity attend des opportunités, et ces opportunités existent indépendamment des conclusions d’un sommet de ce genre. En ce qui concerne la position britannique, je ne vois pas d’effet potentiel du fait qu’un grand nombre de fonds sont libellés en euros de toute façon, et le fait qu’ils soient gérés à Londres, bien que Londres soit en dehors de l’eurozone, n’a pas d’effet à court comme à moyen-terme.

JH Décembre 2011

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