D’après les conclusions du rapport ESG 2017 de Natixis Global Asset Management, l’importance croissante accordée aux critères d’investissement environnementaux, sociaux et de gouvernance pourrait être un facteur déterminant pour inciter les investisseurs individuels, quelle que soit leur génération, à investir davantage, voire à commencer à planifier leur retraite.
Dans le cadre de ce rapport, plus de 10.000 personnes issues de 22 pays et représentant trois catégories d’investisseurs ont été interrogées : des investisseurs institutionnels, des conseillers en gestion de patrimoine, et des investisseurs particuliers (investisseurs individuels et cotisants à des régimes de retraite aux États-Unis).
- Une majorité d’investisseurs souhaitent que leurs investissements reflètent leurs valeurs personnelles. Certains affirment que l’accès aux stratégies intégrant les critères ESG (Environnemental, Social et Gouvernance) pourrait même favoriser leur participation à un plan d’épargne retraite
- Les institutionnels considèrent que l’intégration des critères ESG devient une pratique courante, notamment dans une optique de gestion des risques et de recherche d’alpha
- L’amélioration de la notation et du reporting des performances financières et non financières accélérera l’adoption des critères ESG
David Goodsell, Directeur Exécutif du centre de recherche Durable Portfolio Construction, Natixis Global Asset Management déclare : « Les investisseurs individuels affirment clairement qu’ils souhaitent que leurs investissements reflètent leurs valeurs personnelles. Ils sont sensibles aux notes ESG des entreprises présentes dans leur portefeuille. Notre étude montre que l’intégration des critères ESG est un moyen d’inciter les jeunes investisseurs à augmenter leur participation à un plan d’épargne retraite. Aux ÉtatsUnis, 84 % des Millennials déclarent ainsi qu’ils épargneraient davantage pour leur retraite si une solution ESG leur était proposée. Il existe chez eux une véritable volonté de donner une dimension sociale à leurs investissements. »
Au niveau mondial, les trois quarts des investisseurs déclarent qu’il est important d’investir dans des entreprises qui respectent leurs valeurs personnelles. Cette opinion est partagée quels que soient le sexe, la génération et la catégorie socioéconomique des personnes interrogées.
Une grande majorité des personnes interrogées insiste sur l’importance d’investir dans des entreprises affichant un solide bilan environnemental (70 %) et agissant pour le bien collectif (71 %). Ils favorisent aussi les entreprises qui contribuent à financer les progrès en matière de santé et d’éducation (71 %).
De plus, 78 % des sondés soulignent l’importance d’investir dans des entreprises gérées de façon éthique.
On observe par ailleurs des différences entre les hommes et les femmes sur leur perception des thématiques ESG et leur intégration au sein des portefeuilles d’investissement. Le pourcentage de femmes se déclarant préoccupées par les facteurs ESG est légèrement plus élevé que celui des hommes (76 % contre 72%). Dans l’ensemble, on note une différence de trois à cinq points entre les sexes.
Compte tenu des récents exemples de Volkswagen, Mylan et Theranos qui ont défrayé la chronique depuis 2015, l’investissement dans des entreprises gérées de manière éthique est l’aspect sur lequel les personnes interrogées insistent le plus. Quatre-vingt-un pour cent des femmes le qualifient ainsi d’important (dont 31 % de très important).
Sur le plan géographique, on observe une volonté manifeste de la part des investisseurs américains d’investir en tenant compte des facteurs ESG. Ceux qui ont recours à un conseiller financier en sont encore plus convaincus (76%) que ceux investissant de manière autonome (59%).
L’étude de Natixis Global Asset Management révèle également que, même si les conseillers financiers ne connaissent pas aussi bien les investissements intégrant des critères ESG que les stratégies d’investissement traditionnelles, ce segment suscite une attention croissante au sein du secteur. Quarante pour cent des conseillers à travers le monde prennent déjà en compte les facteurs ESG pour atténuer les risques sociaux et de gouvernance.
De leur côté, les institutionnels interrogés considèrent que l’investissement ESG jouera un rôle de plus en plus important, six sur dix estiment même qu’il deviendra pratique courante au sein de leur organisation au cours des cinq prochaines années.
En termes de gestion de portefeuille, 55 % pensent que l’ESG est générateur d’alpha, tandis que 57 % déclarent que les stratégies intégrant des critères ESG peuvent permettre de limiter les risques extrêmes.
« L’intégration des critères ESG a pris une certaine ampleur ces dernières années - allant bien au-delà des anciens filtres unidimensionnels et négatifs associés à l’investissement socialement responsable (ISR) - pour gérer de manière proactive le risque de portefeuille et identifier de nouvelles opportunités d’investissement » explique Matthew Shafer, Vice-Président Exécutif de la distribution internationale de Natixis Global Asset Management.
Cela étant, les investisseurs sont confrontés à d’importantes difficultés pour mettre en œuvre des mesures ESG efficaces. Les institutionnels estiment que la mise en place d’un reporting clair sur les performances financières et non financières des investissements est un des freins au développement de ces pratiques. Les conseillers en gestion de patrimoine regrettent un manque d’informations sur les performances de ces investissements.
Toutefois, le nombre croissant d’agences de notation de fonds et de sociétés de recherche élaborant des outils de suivi et de mesure des facteurs ESG contribue à réduire les difficultés liées à l’élaboration de ces reporting.
Bien que l’ESG soit principalement vu comme un filtre d’investissement, les institutionnels considèrent également le développement durable comme un thème d’investissement en tant que tel. Lorsqu’on leur demande quels secteurs du capital investissement présenteront les meilleures opportunités en 2017, 34 % d’entre eux citent les infrastructures, juste derrière les technologies, les médias et les télécommunications. Plus des trois quarts affirment qu’ils joueront un rôle plus important dans le financement des projets d’infrastructure.
« Il faut à terme dépasser l’idée selon laquelle l’ESG se limite à un filtrage négatif des entreprises. De toute évidence, les thématiques ESG offrent des opportunités considérables. Les particuliers comme les institutions sont de plus en plus conscients que l’évolution démographique, l’émergence de nouveaux secteurs industriels et les initiatives de croissance durable sont attrayantes tant en termes d’investissement que sur le plan social. Si offrir des solutions intégrant les critères ESG incite les investisseurs à épargner davantage et devient donc un facteur catalyseur permettant de résoudre la crise de l’épargne à laquelle font face certaines économies développées, alors il nous faut intégrer dès à présent que l’ESG est là pour durer », conclut Matthew Shafer.