Des entreprises au sein desquelles la connaissance prime, comme les banques, ont développé une culture prônant l’attitude « N’y réfléchissez pas, faites-le ». Réfléchir trop longuement à des difficultés et poser des questions gênantes sont des attitudes systématiquement découragées.
Ces conclusions, issues d’un rapport récent rédigé par les professeurs Andre Spicer (de la Cass Business School, qui fait partie de l’université City University de Londres) et Mats Alvesson (de l’université de Lund, en Suède), suggèrent que la culture au sein des entreprises de services financiers décourage les employés d’utiliser l’ensemble de leurs capacités intellectuelles. Cela signifie que des questions importantes ne sont pas posées et que les oublis qui en résultent peuvent aboutir à des scandales comme la manipulation du LIBOR.
Les auteurs soulignent que les compétences des employés ne se sont pas réduites, mais qu’une véritable culture organisationnelle s’est développée.
Le professeur Spicer explique : « De nombreuses entreprises, où l’intelligence des employés est primordiale, telles que les banques et les sociétés de services professionnels, assurent que les compétences sont à la base de leurs activités. Cependant, en y regardant de plus près, on s’aperçoit que la vérité est à l’opposé de cette affirmation. En réalité, la stupidité prime dans nombre de ces entreprises. Elles ne sont pourtant pas composées de personnes présentant de faibles QI. Habituellement, c’est même loin d’être le cas. Au contraire, ce sont plutôt ces entreprises qui incitent des personnes très intelligentes à ne pas mettre à profit l’ensemble de leurs capacités intellectuelles. Au lieu de cela, les employés sont supposés ne pas trop réfléchir et simplement faire leur travail. »
Les problèmes résultant de cette culture se révèlent uniquement lors de périodes économiques difficiles. Durant les périodes de croissance, cette culture permet aux employés de mieux collaborer et garantit que le travail est accompli de manière efficace et sans soulever de questions.
Le professeur Spicer poursuit : « Quand les employés d’une entreprise posent peu de questions, ils ont tendance à mieux s’entendre et à travailler plus efficacement. Cela leur rend la tâche plus facile : ils en profitent également. »
Cette recherche a été publiée dans la revue scientifique Journal of Management Studies et peut être téléchargée en anglais via le lien suivant : “A Stupidity-Based Theory of Organizations”, by Professor Andre Spicer, Cass Business School, part of City University London and Professor Mats Alvesson, Lund University